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La famille compte 2024
Cette nouvelle ressource de l’Institut Vanier explore l’évolution, la continuité et la complexité des familles au Canada au cours des trois dernières décennies. Publié à l’occasion du 30e anniversaire de l’Année internationale de la famille, le rapport La famille compte 2024 brosse un portrait statistique des familles au pays, en plus de mettre en relief les tendances au fil du temps et leur incidence sur les familles et la vie de famille.
Chapitre 23 – Les hommes participent davantage au travail non rémunéré à la maison, mais l’écart entre les genres persiste
Les rôles des hommes et des femmes en ce qui a trait à la famille et au travail ont progressivement évolué au cours des dernières décennies. Alors que les femmes consacrent de plus en plus de temps au travail rémunéré, elles en passent moins à faire du travail non rémunéré à la maison. Parallèlement, comme en témoignent les données d’enquête, les hommes participent de plus en plus à certaines tâches domestiques. Indépendamment de leur participation au marché du travail et des changements qui ont eu cours ces dernières années, les femmes continuent toutefois d’effectuer la majorité des tâches domestiques au Canada1.
En 2020, parmi les personnes de 20 ans et moins qui formaient un couple de genre différent, un peu moins de la moitié (47,5 %) disaient que la préparation des repas était principalement effectuée par les femmes2, comparativement à 62,0 % en 20113. Environ le tiers (35,5 %) estimaient que la préparation des repas était partagée à parts égales2, contre 27,8 % en 20113. Si les personnes interrogées étaient moins susceptibles d’affirmer que les hommes préparaient la plupart des repas, on observe toutefois une augmentation au fil des ans, allant de 10,2 % en 2011 à 16,1 % en 20202. Il convient par ailleurs de noter que les données de l’enquête mesurent les perceptions, et non le temps réel consacré aux tâches domestiques. De plus, les données de 2020 ont été recueillies en juin, après que l’on eut déclaré la pandémie de COVID-19, la plupart des personnes en emploi travaillant alors à domicile. Il est donc probable que les données colligées reflètent davantage ce contexte particulier, plutôt qu’une évolution plus générale.
Un peu plus de la moitié (55,9 %) des personnes interrogées en 2020 soutenaient que la lessive était principalement faite par les femmes2, contre 66,6 % en 20113. Plus du quart (27,4 %) estimaient que cette tâche était partagée de manière égale2, soit une proportion similaire à 2011 (26,6 %)3. Les personnes interrogées étaient beaucoup moins susceptibles d’affirmer que la lessive était principalement faite par les hommes, bien que cette proportion ait plus que doublé, passant de 6,8 % en 2011 à 15,8 % en 20202.
L’enquête sur l’emploi du temps de 2022 fournit des informations sur le temps réellement consacré aux activités quotidiennes. Parmi les personnes travaillant à domicile, les femmes consacraient 40,4 minutes de plus par jour aux tâches domestiques non rémunérées que les hommes (102,9 minutes contre 62,5 minutes)a, 4. Les femmes ne travaillant pas à domicile disaient également consacrer plus de temps par jour aux tâches domestiques non rémunérées que les hommes ayant le même type d’emploi (87,3 minutes contre 48,5 minutes, respectivement).
Les données de l’enquête sur l’emploi du temps de 2022 montrent également que parmi les parents travaillant à domicile, les mères passaient en moyenne 51,5 minutes de plus par jour avec leurs enfants que les pères (323,5 minutes au total contre 272,0 minutes, respectivement)4. Les mères qui ne travaillaient pas à domicile passaient moins de temps par jour avec leurs enfants (252,7 minutes), mais plus que les pères ne travaillant pas non plus de la maison (200,9 minutes).
La plupart des personnes interrogées dans le cadre de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2016 y voyaient un partage égal des tâches liées aux soins des enfants, comme superviser les enfants (58,8 %), reconduire les enfants à leurs activités (55,2 %) et participer aux activités des enfants à l’heure du coucher (55,8 %)3. Lorsque les tâches liées à la garde des enfants n’étaient pas partagées de manière égale, elles étaient principalement effectuées par les femmes.
Pourquoi s’en préoccuper?
Si les données suggèrent que certaines tâches domestiques semblent réparties plus également entre les femmes et les hommes vivant en couple qu’auparavant, les données sur l’emploi du temps révèlent qu’une telle évolution a été plutôt lente et que les femmes continuent d’effectuer beaucoup plus de travail non rémunéré que les hommes. La répartition des tâches demeure genrée : il revient encore majoritairement aux femmes de préparer les repas, de faire la lessive et de s’occuper des tâches domestiques à l’intérieur du foyer familial. Il n’est donc pas surprenant que, parmi les couples en 2016, les femmes (76,3 %) aient été moins susceptibles que les hommes (88,4 %) de se dire satisfaites de la répartition des tâches domestiques, et plus susceptibles de se dire insatisfaites (9,7 % et 2,6 %, respectivement)3. Les femmes exprimaient plus de satisfaction lorsque leur partenaire effectuait la plupart des tâches domestiques ou lorsqu’elles étaient partagées équitablement2.
La « double charge » de travail rémunéré et non rémunéré peut affecter le bien-être des femmes, qui doivent assumer une charge de travail globale plus importante, tout en disposant de moins de temps pour se reposer5. Celles qui prennent également soin d’une personne proche doivent composer avec une « troisième charge de travail » qui ajoute un niveau de complexité à leur situation et risque de compromettre leur bien-être6. En plus de conséquences sur leur bien-être, les charges de travail multiples peuvent également nuire à la participation des femmes au marché du travail.
Source : Frank, K., et Frenette, M. (8 avril 2021). Perceptions des couples quant à la répartition des tâches domestiques et des tâches liées aux soins des enfants : existe-t-il des différences entre les groupes sociodémographiques? Direction des études analytiques : documents de recherche, no 4603.
Note : Ce graphique n’est disponible que sur la page Web et n’est pas inclus dans les PDF téléchargeables.
Note
a Il s’agit à la fois du temps en coprésence (temps passé « avec » un ou une enfant du ménage, quel que soit son âge, à l’exclusion du temps consacré au sommeil, aux soins personnels ou aux activités liées à la garde des enfants) et du temps lié à la garde des enfants, au cours duquel les soins aux enfants constituent l’activité principale.
Références
- Statistique Canada. (17 mars 2022). Estimation de la valeur économique du travail ménager non rémunéré au Canada, 2015 à 2019. Les nouveautés en matière de comptes économiques canadiens. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/13-605-x/2022001/article/00001-fra.htm ↩︎
- Zossou, C. (15 février 2021). Partage des tâches domestiques : faire équipe pendant la pandémie de COVID-19. StatCan et la COVID-19 : Des données aux connaissances, pour bâtir un Canada meilleur. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/45-28-0001/2020001/article/00081-fra.htm ↩︎
- Frank, K., et Frenette, M. (8 avril 2021). Perceptions des couples quant à la répartition des tâches domestiques et des tâches liées aux soins des enfants : existe-t-il des différences entre les groupes sociodémographiques? Direction des études analytiques : documents de recherche, no 460. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11f0019m/11f0019m2021003-fra.htm ↩︎
- Wray, D. (5 juin 2024). Télétravail, emploi du temps et bien-être : données probantes tirées de l’Enquête sur l’emploi du temps de 2022. Mettre l’accent sur les Canadiens : résultats de l’Enquête sociale générale. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/89-652-x/89-652-x2024003-fra.htm ↩︎
- Seedat, S., et Rondon, M. (31 août 2021). Women’s wellbeing and the burden of unpaid work. Women’s Health and Gender Inequalities, 374. https://doi.org/10.1136/bmj.n1972 ↩︎
- Gladu, M. (Juin 2021). Le travail non rémunéré des femmes au Canada : Rapport du comité permanent de la condition féminine. https://www.noscommunes.ca/documentviewer/fr/43-2/FEWO/rapport-8 ↩︎

La famille compte 2024 est une publication de l’Institut Vanier de la famille présentant des informations précises et actuelles sur les familles et la vie de famille au Canada. Rédigée dans un langage clair, elle est composée de chapitres sur un éventail de sujets et tendances qui ont une incidence sur la vie familiale au pays. Ses quatre sections (la structure, le travail, l’identité et le bien-être des familles) trouvent appui sur le Cadre sur la diversité et le bien-être des familles.
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Comment citer ce document :
Battams, N. (2024). Les hommes participent davantage au travail non rémunéré à la maison, mais l’écart entre les genres persiste. Dans La famille compte 2024, L’Institut Vanier de la famille. https://institutvanier.ca/la-famille-compte-2024/les-hommes-participent-davantage-au-travail-non-remunere-a-la-maison-mais-l-ecart-entre-les-genres-persiste