Simona Bignami

Simona Bignami est démographe et se spécialise dans les méthodes quantitatives et l’étude des dynamiques familiales. Elle porte un intérêt général à la relation entre l’influence sociale, la dynamique familiale et les conséquences et les comportements sur le plan démographique, ainsi qu’à la mesure dans laquelle les données empiriques permettent de comprendre cette relation. Ses travaux les plus récents s’attardent aux dynamiques familiales des personnes migrantes et des minorités ethniques, avec l’objectif d’améliorer leur évaluation à l’aide de données et de méthodes novatrices, en plus de mieux comprendre leurs répercussions sur les plans démographique et sanitaire. Ses recherches sur ces thèmes s’inscrivent dans une perspective comparative, allant des pays en développement aux pays développés. Bien que ses travaux soient principalement quantitatifs, elle a acquis une expérience dans la collecte de données d’enquête auprès de ménages, ainsi que dans la réalisation d’entretiens qualitatifs et l’organisation de groupes de discussion dans divers contextes.

Robin McMillan

Au cours de sa carrière, Robin McMillan a passé plus de 30 ans à travailler dans le secteur de la petite enfance. Elle a d’abord travaillé comme éducatrice pendant huit ans auprès d’enfants d’âge préscolaire. Puis elle a quitté la première ligne afin de développer des ressources pour les praticiennes et praticiens à la Fédération canadienne des services de garde à l’enfance (FCSGE). Elle travaille à la FCSGE depuis 1999, où elle est passée d’assistante de projet à gestionnaire de projet, puis à son rôle actuel de conceptrice de projets, de programmes et de partenariats. Plusieurs réalisations ont marqué sa carrière à la FCSGE, notamment la gestion de plus de 20 projets nationaux et internationaux, y compris un projet de l’ACDI en Argentine et la présentation d’un rapport avec l’honorable sénateur Landon Pearson au Comité des droits de l’enfant à Genève, en Suisse.

Robin a été membre du conseil d’administration de l’Ottawa Carleton Ultimate Association pendant deux ans et a participé à l’organisation de nombreux événements caritatifs locaux. Elle a fondé et animé un groupe local de soutien aux parents, Ottawa Parents of Children with Apraxia (Parents d’enfants atteints d’apraxie à Ottawa), ainsi qu’un groupe national, Apraxia Kids Canada (L’apraxie chez les enfants au Canada). Elle est mariée et a un fils de 17 ans atteint d’un grave trouble de la parole (apraxie verbale) et d’une légère déficience intellectuelle, ce qui l’a propulsée dans le monde du plaidoyer pour le soutien à la parentalité. Elle a d’ailleurs reçu le prix de défenseure de l’année en 2010, décerné par la Childhood Apraxia of Speech Association of North America.

À propos de l’organisme : Nous représentons la communauté du secteur de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants au Canada, à savoir l’ensemble des professionnel·les et des praticien·nes d’un océan à l’autre. Nous donnons voix à la passion, à l’expérience et aux pratiques en matière d’apprentissage et de garde des jeunes enfants (AGJE) au pays. Nous mettons de l’avant des recherches novatrices en matière de politiques et de pratiques afin de mieux éclairer le développement et la prestation des services. Nous faisons preuve de leadership sur les enjeux qui touchent notre secteur, ayant foi en notre capacité d’influencer positivement la vie des jeunes enfants, à savoir notre véritable objectif, notre raison d’être. Les sujets abordés, explorés et communiqués au sein de notre communauté ont le potentiel de transformer des vies et nous en avons pleinement conscience. Nous sommes une force engagée et passionnée en faveur d’un changement positif là où ça compte le plus, c’est-à-dire auprès des enfants.

Maude Pugliese

Maude Pugliese est professeure agrégée à l’Institut national de la recherche scientifique (Université du Québec) au sein du programme en études des populations et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en expériences financières des familles et inégalités de patrimoine. Elle est également directrice scientifique du Partenariat de recherche Familles en mouvance, qui regroupe des dizaines de personnes engagées dans la recherche et la pratique afin d’étudier les changements qu’ont connus les familles et leurs répercussions au Québec. Maude est également directrice de l’Observatoire des réalités familiales du Québec/Famili@, un organisme de mobilisation des connaissances qui s’emploie à diffuser les recherches les plus récentes sur les questions familiales au Québec, en des termes accessibles à un large public. Ses travaux de recherche actuels portent sur la transmission intergénérationnelle du patrimoine et des pratiques de gestion des finances, les inégalités de genre en matière d’actifs et de dettes, ainsi que sur l’influence des nouveaux régimes intimes (séparation, remariage, cohabitation, polyamour, etc.) sur les idéaux et les tendances quant à l’accumulation de richesses.

Andrea Doucet

Andrea Doucet est titulaire de la Chaire de recherche du Canada (niveau 1) sur l’égalité entre les sexes, le travail et les soins, professeure de sociologie et d’études sur les femmes et le genre à l’Université Brock, et professeure associée à la fois à l’Université Carleton et à l’Université de Victoria (Canada). Elle a publié de nombreux ouvrages sur les politiques soins/travail, les politiques en matière de congé parental, la paternité et les soins, la division entre les sexes et le travail rémunéré et non rémunéré des parents. Elle est l’autrice de deux éditions du livre primé Do Men Mother? (Presses de l’Université de Toronto, 2006, 2018), coautrice de deux éditions du livre Gender Relations : Intersectionality and Social Change (Oxford, 2008, 2017), et coéditrice du livre Thinking Ecologically, Thinking Responsibly: The Legacies of Lorraine Code (SUNY, 2021). Elle écrit actuellement sur les soins socio-écologiques et les liens entre les congés parentaux, les congés liés aux soins et les services de base universels. Parmi ses récentes collaborations de recherche, elle a notamment participé à un projet sur l’expérience de la maternité chez les jeunes Noires avec Sadie Goddard-Durant et divers organismes communautaires canadiens; à un projet axé sur les approches féministe, écologique et autochtone en matière d’éthique de soins et de travail de soin, avec Eva Jewell et Vanessa Watts; ainsi qu’à un projet sur l’inclusion et l’exclusion sociales dans les politiques de congé parental, avec Sophie Mathieu et Lindsey McKay. Elle est directrice de projet et chercheuse principale du Programme canadien de partenariats de recherche du CRSH, Réinventer les politiques soins/travail, et co-coordinatrice du International Network on Leave Policies and Research.

Liv Mendelsohn

Liv Mendelsohn, M.A., M.Ed., est directrice générale du Centre canadien d’excellence pour les aidants, où elle dirige des initiatives en matière d’innovation, de recherche, de politiques et de programmes visant à soutenir les personnes aidantes et les prestataires de soins au Canada. Leader visionnaire comptant plus de 15 ans d’expérience dans le secteur à but non lucratif, Liv est aidante depuis fort longtemps et vit elle-même avec un handicap. Son expérience en tant que membre de la « génération sandwich » alimente son aspiration envers la création d’un mouvement pour les personnes aidantes au Canada afin de changer la façon dont la prestation de soins est perçue, valorisée et soutenue.

Au cours de sa carrière, Liv a fondé et dirigé plusieurs organismes axés sur l’incapacité et la prestation de soins, notamment le Wagner Green Centre for Accessibility and Inclusion ainsi que le festival du film de Toronto ReelAbilities. Liv est présidente du comité consultatif sur l’accessibilité de la Ville de Toronto. Elle a reçu le Prix pour l’équité décerné par la Ville de Toronto et a été reconnue pour son leadership par la University College, l’Université de Toronto, l’organisme Enfants avenir Ontario et les centres communautaires juifs d’Amérique du Nord. Liv est agrégée supérieure de recherche au Massey College et diplômée du Mandel Institute for Non-Profit Leadership ainsi que du programme de bourses DiverseCity de la CivicAction Leadership Foundation.

À propos de l’organisme : Le Centre canadien d’excellence pour les aidants appuie et habilite les personnes aidantes et les prestataires de soins, favorise l’avancement des connaissances et la capacité d’agir dans le domaine des soins, et plaide en faveur de politiques sociales efficaces et visionnaires, tout en privilégiant une approche qui se veut à l’écoute des personnes ayant une incapacité. Notre expertise et nos connaissances, tirées des expériences vécues des personnes aidantes et des prestataires de soins, nous aident à faire campagne pour de meilleurs systèmes et un changement durable. Nous sommes plus qu’un simple bailleur de fonds; nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires et nos bénéficiaires pour atteindre des objectifs communs.

Barbara Neis

Barbara Neis est professeure titulaire émérite de la Chaire John Lewis Paton et professeure-chercheuse honoraire (à la retraite) du Département de sociologie de l’Université Memorial. Barbara a obtenu son doctorat en sociologie à l’Université de Toronto en 1988. Elle s’intéresse principalement aux interactions entre le travail, l’environnement, la santé, les familles et les communautés dans les milieux marins et côtiers. Elle a cofondé et codirigé le SafetyNet Centre for Occupational Health and Safety à l’Université Memorial et a été présidente de l’Association canadienne de la recherche en santé et sécurité au travail. Depuis les années 1990, elle a mené, supervisé et soutenu d’importants programmes de recherche en collaboration avec l’industrie de la pêche à Terre-Neuve-et-Labrador, notamment dans les domaines suivants : les connaissances des pêcheurs, les sciences et la gestion marines, la santé et la sécurité au travail, la reconstruction des pêcheries effondrées, et le genre et la pêche. Entre 2012 et 2023, elle a dirigé le Partenariat en mouvement, financé par le CRSH, un vaste programme de recherche multidisciplinaire explorant la dynamique de la mobilité professionnelle prolongée/complexe liée à l’emploi dans le contexte canadien, notamment son incidence sur les travailleuses et travailleurs et leur famille, les employeurs et les communautés.

Deborah Norris

Titulaire de diplômes supérieures en sciences familiales, Deborah Norris est professeure au Département d’études de la famille et de gérontologie de l’Université Mount Saint Vincent. Son intérêt persistant envers l’interrelation entre le travail et la vie de famille a amené Deborah à s’investir très tôt dans l’élaboration de programmes d’éducation à la vie familiale au Centre de ressources pour les familles des militaires (CRFM) de la Base des Forces canadiennes (BFC) d’Halifax. Les connaissances acquises au cours de ses échanges avec les participantes et participants aux programmes ont été les étincelles qui ont déclenché chez elle un inébranlable engagement à en apprendre davantage sur la vie des familles des militaires, qui ont été le fil conducteur de ses recherches tout au long de sa carrière. S’inspirant des théories écologique et critique, le programme de recherche de Deborah se veut pratique, collaboratif et interdisciplinaire. Elle a dirigé des études portant sur la résilience chez les familles des militaires et des vétéranes et vétérans; l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle chez les familles des militaires; la relation bidirectionnelle entre les blessures de stress opérationnel et la santé mentale et le bien-être des familles des vétéranes et vétérans; les programmes de psychoéducation familiale pour les familles des militaires et des vétéranes et vétérans; et la transition entre la vie militaire et la vie civile. Elle a collaboré avec des spécialistes du milieu universitaire, des scientifiques du ministère de la Défense nationale (MDN), des membres du personnel d’Anciens Combattants Canada (ACC) ainsi que d’autres parties prenantes. Récemment, elle a élargi son programme de recherche afin de mettre l’accent sur les effets que peut avoir le stress opérationnel sur les familles du personnel de la sécurité publique.

Shelley Clark

Shelley Clark, démographe et professeure lauréate du prix James-McGill en sociologie, mène des recherches sur le genre, la santé, les dynamiques familiales et les périodes transitoires de la vie. Après avoir obtenu son doctorat à la Princeton University en 1999, Shelley a travaillé à titre d’adjointe de programme du Population Council à New York (1999-2002) et de professeure adjointe à la Harris School of Public Policy de la University of Chicago (2002-2006). À l’été 2006, elle a intégré le Département de sociologie de l’Université McGill, où elle est devenue en 2012 la directrice fondatrice du Centre de recherche sur la dynamique des populations. Une grande partie de ses recherches au cours des 20 dernières années se sont intéressées à la manière dont les adolescentes et adolescents d’Afrique subsaharienne effectuent leurs principales transitions vers l’âge adulte alors qu’il y sévit une épidémie persistante de VIH/sida. D’autres travaux ont permis de mettre en relief les vulnérabilités sociales, économiques et sanitaires des mères célibataires et de leurs enfants en Afrique subsaharienne. Récemment, Shelley s’est lancée dans un nouveau programme de recherche visant à évaluer les inégalités entre les régions rurales et urbaines ainsi que les dynamiques familiales aux États-Unis et au Canada. Ses découvertes soulignent la diversité des structures familiales dans les régions rurales ainsi que les conséquences d’un accès limité à la contraception sur la fécondité et la santé reproductive des femmes de ces régions.

Isabel Côté

Isabel Côté est professeure titulaire au Département de travail social de l’Université du Québec en Outaouais. Elle est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la procréation pour autrui et les liens familiaux, ainsi que membre du partenariat Familles en mouvance et du Réseau québécois en études féministes (RéQEF). Son programme de recherche a pour but de favoriser une compréhension globale de la procréation pour autrui, en croisant le regard de l’ensemble des parties, à savoir les parents, les donneuses et donneurs, les mères porteuses, les enfants ainsi conçu·es et les familles élargies. Appuyés sur des méthodologies qualitatives novatrices, ses travaux conjuguent les apports théoriques de la sociologie de la famille, de l’anthropologie de la parenté et des études féministes et LGBTQ, en plus de revisiter les réalités familiales contemporaines. De manière innovante, ses travaux positionnent les enfants comme des acteurs à part entière dans la construction des connaissances relatives aux familles issues de la procréation pour autrui. Enfin, ses conclusions de recherche fournissent des informations basées sur des données empiriques utiles au débat social entourant les questions soulevées par la procréation pour autrui, tout en suggérant des pistes d’action en vue de mieux soutenir le bien-être des personnes concernées.

Lindsey McKay

Lindsey McKay est professeure adjointe en sociologie à l’Université Thompson Rivers de Kamloops, en Colombie-Britannique. Elle est sociologue et spécialiste en économie politique féministe, orientée vers le travail de soins, la santé et la médecine, ainsi que la science de l’enseignement et de l’apprentissage. C’est la justice sociale qui inspire ses travaux de recherche et ses pratiques d’enseignement. Elle a publié de nombreux articles traitant des inégalités en matière de congés parentaux, du don d’organes, des programmes d’étude et de la pédagogie dans diverses revues à comité de lecture ainsi que sur différentes plateformes publiques. Elle est cochercheuse dans le projet Réinventer les politiques soins/travail, financé par le CRSH et axé sur le congé parental.

Fiche infographique : la diversité familiale au Canada (mise à jour au Recensement de 2016)

Téléchargez la fiche infographique La diversité familiale au Canada (mise à jour au Recensement de 2016).


 

Depuis plus de cinquante ans, l’Institut Vanier de la famille s’intéresse à la vie familiale et aux familles elles-mêmes au Canada. Au terme de ce demi-siècle consacré à l’étude des familles d’un océan à l’autre, de même qu’aux échanges et aux interactions avec celles-ci, un constat s’impose : la diversité des familles au Canada n’a d’égal que celle des gens qui les composent.

D’ailleurs, il n’y a là rien de nouveau, que l’on s’intéresse aux structures familiales, aux identités familiales, aux modes de cohabitation de la famille, aux modes de vie des familles, à la réalité familiale, ou encore aux traits individuels des membres de la famille, notamment leur appartenance ethnoculturelle, leur statut d’immigrant, leur orientation sexuelle ou leurs compétences diverses.

Nos vies, nos milieux de travail et nos collectivités bénéficient de la participation précieuse et unique de nos parents, nos enfants, nos grands-parents, nos arrière-grands-parents, nos oncles et nos tantes, nos frères et nos sœurs, nos cousins et nos amis ainsi que nos voisins. Selon le mot de l’ancien gouverneur général du Canada, Son Excellence le très honorable David Johnston, à l’occasion de la Conférence sur les familles au Canada 2015 : « Les familles, peu importe leur origine ou leur composition, apportent une couleur nouvelle et particulière à la tapisserie canadienne diversifiée. »

L’Institut Vanier a produit une fiche infographique sur la diversité familiale au Canada à partir des nouvelles données du Recensement de 2016.

Quelques faits saillants :

  • 66 % des familles au Canada comptent un couple marié, 18 % comptent un couple en union de fait, et 16 % sont des familles monoparentales, soit autant de structures familiales en perpétuelle évolution.
  • On compte 518 000 familles recomposées au pays, soit 12 % des couples avec enfants de moins de 25 ans.
  • Le Canada compte quelque 404 000 ménages multigénérationnels1, et près de 33 000 enfants canadiens vivent au sein d’un ménage sans génération intermédiaire2.
  • 1,7 million de personnes se réclament d’identité autochtone au Canada (Premières Nations : 58,4 %; Métis : 35,1 %; Inuits : 3,9 %; autres : 1,4 %; identités autochtones multiples : 1,3 %).
  • Au Canada, 360 000 couples vivent en union mixte3, soit 4,6 % de tous les couples mariés ou en union de fait.
  • Le Recensement de 2016 dénombre 73 000 familles formées d’un couple de même sexe. Parmi celles-ci, 12 % ont des enfants à la maison.
  • Le Canada compte 54 000 familles de militaires (soit 40 000 au sein de la Force régulière et 14 000 dans la Force de réserve).

 

Téléchargez la fiche infographique La diversité familiale au Canada (mise à jour au Recensement de 2016).

Cette publication bilingue présente un caractère intemporel puisqu’elle sera régulièrement mise à jour en fonction des nouvelles données (versions antérieures disponibles sur demande). Souscrivez à notre infolettre mensuelle pour rester au fait des actualités et vous renseigner au sujet des publications, des projets et des initiatives de l’Institut Vanier.

 

Notes


  1. Comptant au moins trois générations.
  2. En cohabitation avec les grands-parents sans la présence d’une génération intermédiaire (c’est-à-dire en l’absence des parents).
  3. Selon Statistique Canada, les unions mixtes désignent « les couples au sein desquels un conjoint ou partenaire fait partie d’un groupe de minorités visibles, mais pas l’autre, ainsi que les couples où les deux conjoints ou partenaires appartiennent à des groupes de minorités visibles différents ». Lien : http://bit.ly/1rf5Qw6

Ligne du temps – Cinquante ans : les hommes, le travail et la famille au Canada

La paternité au Canada a beaucoup évolué au cours du dernier demi-siècle, alors que les hommes ont délaissé progressivement le rôle de « pourvoyeur » pour se consacrer davantage aux responsabilités entourant les soins, cherchant de plus en plus à assumer en parallèle leurs diverses responsabilités au travail, à la maison et au sein de leurs collectivités.

À l’occasion de la fête des Pères de 2016, nous avons créé une ligne du temps qui s’échelonne sur 50 ans pour illustrer ces tendances et mettre en relief les profils socioéconomiques, culturels et contextuels qui influencent la paternité et les relations familiales – et vice-versa. En voici quelques exemples :

  • Les pères sont de plus en plus nombreux à prendre congé pour s’occuper des nouveau-nés. Plus du quart des nouveaux pères au Canada (27 %) se sont prévalus d’un congé parental rémunéré en 2014 (ou avaient l’intention de le faire), alors qu’à peine 3 % d’entre eux en avaient fait autant en 2000.
  • Le nombre de « pères au foyer » est en hausse. En 2014, les pères représentaient environ 11 % des parents au foyer, comparativement à seulement 1 % en 1976.
  • Les pères de jeunes enfants s’absentent plus souvent du travail pour des motifs familiaux. En 2015, les pères d’enfants de moins de 5 ans ont déclaré s’être absentés du travail en moyenne 2,0 journées annuellement en raison de leurs responsabilités personnelles ou familiales, par rapport à 1,2 journée en 2009.
  • Les « pères seuls » en situation de faible revenu sont moins nombreux. En 2008, l’incidence de faible revenu se situait à 7 % lorsque la famille monoparentale était dirigée par un homme, par rapport à 18 % en 1976.
  • Les pères participent de plus en plus aux tâches domestiques. Les hommes qui affirment participer aux tâches ménagères y consacraient en moyenne 184 minutes par jour en 2010, comparativement à 171 minutes en 1998.
  • Les pères qui bénéficient de modalités de travail flexibles se disent plus satisfaits quant à l’équilibre travail-vie personnelle. Parmi les pères ayant des enfants de moins de 18 ans et travaillant à plein temps selon un horaire flexible, le taux de satisfaction à l’égard de l’équilibre entre le travail et la vie personnelle en 2012 atteignait 81 %, comparativement à 76 % de ceux qui n’avaient pas accès à cette flexibilité.
  • Une proportion croissante des enfants considèrent qu’il est facile de discuter avec leur papa. En 2013-2014, 66 % des filles de 11 ans et 75 % des garçons du même âge affirmaient qu’il était facile de discuter avec leur père de sujets préoccupants, par rapport à 56 % chez les filles et à 72 % chez les garçons deux décennies auparavant.

Cette publication bilingue présente un caractère intemporel puisqu’elle sera régulièrement mise à jour en fonction des nouvelles données. Inscrivez-vous à notre lettre électronique mensuelle pour connaître les mises à jour et les autres nouvelles concernant les publications, les projets et les initiatives de l’Institut Vanier.

Amusez-vous à découvrir notre nouvelle ligne du temps, et bonne fête des Pères aux quelque 8,6 millions de papas du Canada!

Téléchargez la ligne du temps intitulée Cinquante ans : les hommes, le travail et la famille au Canada.

 

Les « parents seuls » : terminologie et étiquettes

Victoria Bailey

Parents seuls, parents uniques, familles monoparentales, parents indépendants, parents non mariés, parents célibataires, parents autonomes : les mots et les termes utilisés pour désigner ces adultes qui assument leur parentalité de manière indépendante sont variés et subjectifs, et tendent à évoluer au fil du temps. Ces étiquettes peuvent sembler banales, mais les mots sont forts et chargés de sens : ils conditionnent notre perception du monde et des personnes qui y vivent. Cependant, tout comme les concepts qu’ils désignent, ces termes du registre de la famille demeurent pour le moins vagues. Aux yeux de certaines personnes, ils désignent des catégories bien définies, alors que d’autres y voient de simples stéréotypes. Au surplus, ces étiquettes véhiculent éventuellement des préjugés qui se répercutent sur le bien-être et l’identité de la famille, particulièrement pour les mères seules1 qui représentent 80 % des parents seuls au Canada.

De nombreuses étiquettes pour désigner ces « parents seuls »

Selon Statistique Canada, l’expression parents seuls désigne les « mères ou pères, sans conjoint marié ni partenaire en union libre présent, qui habitent un logement avec un ou plusieurs enfants ». D’ailleurs, cette terminologie n’est pas exclusive : le Bureau national de la statistique du Royaume-Uni (Office for National Statistics) utilise aussi l’expression parents seuls (lone parent) ou famille monoparentale (lone parent family), que l’on retrouve aussi sur le site Web des données statistiques du gouvernement britannique. Le Bureau de la statistique de l’Australie (Australia Bureau of Statistics) préfère quant à lui l’expression famille monoparentale (one-parent family). Enfin, le Service de la statistique de la Nouvelle-Zélande (Statistics New Zealand) privilégie le terme monoparent (sole parent) dans sa définition des catégories du recensement familial, mais tend à utiliser la même terminologie que l’Australie dans les documents d’information sur le recensement.

Le Bureau américain du recensement (United States Census Bureau) retient quant à lui plusieurs termes dans ses divers rapports et définitions. On y retrouve différentes locutions pour désigner certains types de ménages ou de familles, comme ménage dirigé par une femme, époux non présent, parents seuls ou parents uniques. Dans son ouvrage intitulé Engendering Motherhood, la sociologue Martha McMahon recourt souvent à l’expression mères non mariées, mais il faut dire que ce texte remonte à une vingtaine d’années. Même si cette acception a déjà été très répandue, on ne parle plus guère aujourd’hui de « mères non mariées » dans le langage courant ou dans les médias. Pour plusieurs, il s’agit d’une expression dépassée ou archaïque, voire associée à une doctrine religieuse (et peut-être plus pertinente dans ce contexte).

D’une certaine manière, par déficit du langage, aucun des termes qui désignent habituellement les mères seules ne permet de décrire adéquatement cette réalité familiale. Par exemple, on pourrait penser que les mères sans conjoint ou les mères de famille monoparentale sont des parents « laissés à eux-mêmes » sans aucune forme de soutien, mais plusieurs d’entre elles bénéficient pourtant de solides réseaux de soutien par l’entremise de leurs familles, de leurs amis, d’organismes communautaires et même d’ex-conjoints. De même, la famille monoparentale suggère peut-être une forme d’isolement, alors que les enfants de ces familles ont parfois quand même deux parents, même si ces derniers ne vivent plus ensemble. Tout comme l’acception mères non mariées, l’expression parents seuls a une connotation qui implique une dérogation à la norme, c’est-à-dire celle des parents mariés. Pourtant, on rencontre rarement l’expression « parents mariés » au fil d’une conversation ou d’un texte (sauf si le sujet porte précisément sur le mariage ou la parentalité).

Bref, l’éventail terminologique tient sans doute davantage au contexte, au besoin de décrire et à la volonté d’inclusion qu’à une illustration de la complexité des structures familiales. Ces termes sont en quelque sorte des façons de définir les familles. Que ce soit volontaire ou non, le fait que des acceptions nouvelles et plus contemporaines comme parents autonomes ou parents indépendants émergent sans égard à la terminologie du Bureau américain du recensement témoigne de l’évolution et de la procession de la situation des parents seuls vers une réalité où les parents choisissent délibérément leurs circonstances familiales.

La terminologie évolue au même rythme que la réalité des familles

L’usage et la signification des différents synonymes de parents seuls ont évolué au fil du temps, en fonction des réalités familiales qui évoluent perpétuellement. Selon Statistique Canada, la proportion de parents seuls au pays n’est pas si différente de ce qu’elle était il y a un siècle. De fait, cette proportion était pratiquement aussi élevée en 1981 (12,7 %) qu’en 1931 (11,9 %). Par contre, ce qui distingue les deux époques, ce sont les motifs qui justifient ces statistiques, c’est-à-dire le choix délibéré d’une forme de relation à l’époque moderne, plutôt que les conséquences d’une situation circonstancielle par le passé (souvent reliées au taux de mortalité). À cet égard, voici un extrait du rapport Une diversité qui
perdure : le mode de vie des enfants au Canada selon les recensements des 100 dernières années publié par Statistique Canada :

« Ces diverses situations familiales […] découlaient dans bien des cas du décès d’un ou de plusieurs membres de la famille. La mortalité au sein de la famille – par exemple, frères et sœurs, mères pendant l’accouchement ou des suites de complications lors de l’accouchement et pères servant dans la guerre – était une expérience bien plus fréquente pour les jeunes enfants au début du 20siècle qu’aujourd’hui. En 1921, environ un enfant sur 11 (8,9 %) de 15 ans et moins avait vécu le décès d’au moins un parent, tandis que 4,1 % avaient perdu leurs deux parents. »

Plus loin, les chercheurs soulignent qu’« en comparaison, en 2011, moins de 1 % des enfants âgés de 0 à 14 ans vivaient dans une famille monoparentale dans laquelle le parent était veuf ».

Au fil du temps, les Canadiens et les Canadiennes ont exploré plusieurs avenues en matière de parentalité indépendante, notamment l’adoption, le don d’ovocytes ou de sperme, la maternité de substitution, la fécondation in vitro (FIV), ou encore la séparation, le divorce ou le décès d’un conjoint ou d’une conjointe (issu d’une éventuelle relation formelle, le cas échéant). Il importe de reconnaître cette diversité dans nos échanges et d’éviter la généralisation et l’homogénéisation, qui ne font que consolider les stéréotypes.

Les étiquettes familiales influencent éventuellement le sentiment identitaire

Les mots dont on se sert pour définir les structures familiales ne sont pas tout à fait accessoires : ils comportent parfois des connotations ou des idées négatives. La définition de la famille retenue dans le cadre du Recensement de 2011 en est un exemple, alors que Statistique Canada considérait pour la première fois la famille recomposée :

« Une famille comptant un couple avec enfants peut encore être classifiée comme étant soit une famille intacte dans laquelle tous les enfants sont les enfants biologiques et/ou adoptés des deux conjoints mariés ou des deux partenaires en union libre, soit une famille recomposée avec au moins un enfant biologique ou adopté de seulement un des conjoints mariés ou partenaires en union libre et dont la naissance ou l’adoption est survenue avant la relation actuelle. »

Bien qu’il soit louable de tenir compte des familles recomposées parmi l’ensemble des structures familiales, la décision de la dépeindre par contraste en lui apposant l’étiquette « famille intacte » donne éventuellement à penser que les familles non conformes au modèle ne sont pas intactes, puisque l’un des parents ne vit pas sous le même toit que son enfant.

De même, certaines étiquettes comme mères seules ou parents seuls ne font pas l’affaire de tous. Ainsi, dans l’un de ses articles intitulé « Single Mother Was Not a Title I Wanted to Own. A Year Later It Still Isn’t » [« Mère seule » : une expression que je réfutais il y a un an et que je réfute toujours], la blogueuse Mavis King disait refuser l’étiquette de mère seule, à l’instar d’autres mères comme elle :

Le problème avec l’expression mère seule, c’est qu’il est chargé d’un sens péjoratif. Au pire, les mères seules sont associées au portrait de la mère négligée et indolente qui vit de l’aide sociale et élève des enfants difficiles. La mère seule parvient à peine à contenir la situation, à assurer leur subsistance. Elle n’est aucunement l’héroïne de l’histoire, mais plutôt l’unique responsable de ses malheurs. Bref, elle aurait dû y penser avant, ne pas se marier avec lui, ne pas avoir d’enfants. Et les enfants justement? Puisqu’elle ne pense qu’à elle, ils ne réussissent pas à l’école et ne font pas le poids à côté de leurs amis. [traduction]

D’autres parents décident eux-mêmes de la terminologie qui rend justice à leur autonomie. Dans son blogue « Wealthy Single Mommy », par exemple, Emma Johnson écrit : « Je suis tout à fait à l’aise avec l’expression mère seule : je réussis à faire vivre ma famille financièrement et je suis celle qui s’occupe principalement de mes enfants [traduction]. »

Les préjugés à l’endroit des « mères seules » peuvent nuire au bien-être de la famille

Les stéréotypes négatifs comme ceux que décrit Mme King au sujet des mères seules sont souvent alimentés et consolidés par les médias, notamment l’idée que les mères seules seraient irresponsables et dépourvues de moyens, et que leurs enfants seraient moins bien que les autres. Dans le cadre de mes études de cycles supérieurs, j’ai récemment produit un rapport axé sur l’image véhiculée par les médias canadiens au sujet des mères seules. On y constate que la couverture médiatique suit généralement trois principales tendances sur cette question, soit : la valeur négative de la situation des mères seules dans une représentation dichotomique, l’homogénéisation des mères seules et l’utilisation de l’expression mères seules pour cibler une structure familiale fondée sur les genres, et ce, sans que ce soit lié directement avec le sujet d’un reportage donné.

Ce type de représentation alimente les stéréotypes, ce qui entraîne des conséquences manifestes. À titre d’exemple, une étude de 2011 sur la discrimination dans le marché immobilier locatif montrait que les mères seules avaient 14 % moins de chances qu’un couple (hétérosexuel) d’obtenir une réponse affirmative à la suite d’une demande de location. Dans le cadre d’un groupe de discussion qualitatif réuni en vue de la rédaction de mon rapport, certaines femmes ont affirmé que l’étiquette de « mères seules » avait influencé leur décision de prolonger une situation pourtant malsaine, notamment par des affirmations comme « J’étais plus inquiète de devenir une mère seule que de poursuivre cette relation abusive ».

Les étiquettes familiales : peu représentatives de la diversité des situations

Plusieurs auteurs affirment que les enfants élevés par des parents seuls sont plus susceptibles de connaître plus tard des difficultés, mais d’autres études remettent en question un tel lien de cause à effet. Comme le soulignent les chercheurs Don Kerr et Roderic Beaujot : « Les études qui ne tiennent pas compte des difficultés préexistantes des enfants et de leur famille ont tendance à surestimer les conséquences d’une situation familiale monoparentale [traduction]. » Dans plusieurs cas, c’est précisément le fait qu’elles aient mis fin à une relation malsaine pour devenir des mères seules que certaines femmes ont réussi à s’offrir et à offrir à leurs enfants un milieu de vie plus sain.

Bien souvent, il semble que les ressources comme l’argent, le temps et le soutien de l’entourage (c’est-à-dire la famille élargie, les amis et d’autres proches) influencent davantage la réalité et la situation des enfants et des parents que le type de relation que vivent les parents. Dans son ouvrage intitulé Family Studies: An Introduction, Jon Bernardes écrit : « La reine Victoria a longtemps été un parent seul, et on n’a jamais dit que sa situation parentale était “problématique” [traduction]. »

Ce qu’il faut surtout comprendre, c’est que les enfants se soucient bien peu des catégories de recensement auxquelles appartiennent leurs parents et qu’ils n’établissent aucun jugement quantitatif sur les relations de ces derniers. Certes, ils n’hésiteront pas à exposer à leurs amis leur situation familiale (« Je vis avec mon père », ou encore « Mon père n’habite plus avec nous »), mais tout cela se fait sur le ton de la conversation. Une fois ces renseignements personnels énoncés, il y a fort à parier qu’aucun enfant n’utilisera des termes distinctifs comme « mon père seul » ou « ma mère sans conjoint » pour raconter quelque chose ou expliquer une situation. Ils diront simplement : « ma mère », « mon père », etc., marquant ainsi leur sentiment de confiance, d’appartenance, d’attachement et d’amour inconditionnel par ce déterminant initial, qui est peut-être le plus significatif : mon ou ma.

 

1 Dans ce texte, les expressions mères seules et parents seuls sont retenues pour des questions d’uniformité. Néanmoins, comme on le voit, il existe une diversité d’usages et d’acceptions reconnues.


Victoria Bailey est rédactrice pigiste et étudiante en études féministes. Elle habite à Calgary (Alberta).

 

Les conflits travail-famille chez les parents seuls des Forces armées canadiennes

Alla Skomorovsky, Ph. D.

Les responsabilités inhérentes à la vie militaire représentent parfois une importante source de stress pour les familles des militaires, au gré des déploiements, des déménagements, des aléas de la vie à l’étranger et de l’éloignement familial, sans compter les risques de blessures ou de décès pour les militaires, ou encore les heures de travail longues et imprévisibles.

Même si les familles des militaires parviennent généralement à faire face aux difficultés, des études ont montré que certaines d’entre elles finissent par se sentir débordées devant ces exigences concurrentes et cumulatives. Il s’agit là d’une réalité particulièrement éprouvante pour les parents seuls au sein des Forces armées canadiennes (FAC), qui comptent bien souvent sur des ressources limitées pour assumer leurs responsabilités multiples. C’est l’une des raisons pour lesquelles plusieurs parents seuls engagés dans la vie militaire (hommes ou femmes) semblent tirer une moindre satisfaction de ce mode de vie que leurs homologues en couple, selon les données d’une étude antérieure.

Par définition, les conflits travail-famille surviennent lorsque les exigences professionnelles sont difficilement conciliables avec les exigences du domaine familial. Au Canada, même s’il semble de plus en plus évident que les conflits travail-famille représentent un problème éventuellement important pour les familles des militaires, il n’existe encore que très peu de recherches portant précisément sur le sujet. Dans une étude qualitative récente, la majorité des parents seuls des FAC affirmaient être en mesure de concilier travail et famille, tout en admettant qu’il leur était difficile d’y parvenir, surtout parce qu’ils sont souvent les seuls pourvoyeurs de soins et de ressources financières pour leur famille. Voici les commentaires de l’un des participants à cet égard :

“Jusqu’ici, je parviens assez bien à équilibrer ma vie professionnelle et ma vie personnelle. Par contre, je dois dire que ce n’est pas toujours facile parce que je n’ai personne d’autre sur qui compter, par exemple lorsque je dois rester plus tard au travail ou terminer ma journée à partir de mon téléphone. Mon BlackBerry est devenu essentiel, parce que je ne peux pas rester trop tard au travail, en tout cas pas aussi longtemps qu’avant. Mais en général, ça se passe plutôt bien.”

Peu d’études sur les conflits travail-famille chez les militaires canadiens

Dans certains cas, les parents seuls qui œuvrent dans les FAC vivent de multiples déploiements, et sont alors séparés de leurs enfants sans possibilité de s’occuper d’eux. Il va sans dire que pour ces familles, les arrangements pour la garde des enfants ne sont pas simples. Par exemple, pendant que papa ou maman est en mission, les enfants doivent parfois s’installer chez leurs grands-parents dans une autre ville. Par ailleurs, les parents seuls qui vivent de fréquentes réaffectations risquent d’éprouver des difficultés à créer ou à recréer des réseaux sociaux, qui sont pourtant une précieuse source de soutien.

Quelques études ont montré que les familles militaires monoparentales font face à des défis uniques au quotidien, et sont confrontées à d’importants conflits travail-famille. Toutefois, il n’existe encore que très peu de travaux qui ciblent le contexte canadien en particulier. Dans le but d’y remédier et pour mettre en relief les principales préoccupations des parents seuls des FAC, le personnel du Directeur général – Recherche et analyse (Personnel militaire) (DGRAPM) a mené un sondage électronique dans le cadre duquel on a soumis un questionnaire à un groupe de parents choisis au hasard parmi des parents seuls, divorcés, séparés ou veufs de la Force régulière des FAC, ayant à leur charge des enfants de 19 ans ou moins. Au total, les résultats reflétaient le point de vue de 552 parents seuls.

On a constaté que les difficultés financières figurent parmi les principales préoccupations des parents seuls, ce qui corrobore les données d’études précédentes selon lesquelles les pressions financières sont l’une des principales sources de stress pour les parents seuls, qu’il s’agisse de militaires ou de civils. L’autre difficulté évoquée par les parents seuls concernait la santé et le bien-être de leurs enfants. Aucune étude sur les parents seuls du domaine civil ou militaire n’avait encore mené à de telles conclusions, mais on peut penser que ces préoccupations ressortent ici en raison des multiples absences des parents, qu’il s’agisse de déploiements, d’entraînements ou encore du nombre imprévisible et variable d’heures de travail ou d’heures supplémentaires, qui sont des facettes caractéristiques du mode de vie des militaires. En somme, plus de 60 % des répondants affirment que les pressions financières et les préoccupations quant à la santé et au bien-être de leurs enfants sont importantes ou extrêmement importantes (voir la figure 1). Dans une forte proportion (plus de la moitié), ces parents s’inquiètent aussi de la période de l’adolescence, au cours de laquelle ils souhaiteraient être présents pour leurs enfants tout en assumant leur charge de travail et leurs responsabilités contraignantes.

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Responsabilités parentales et professionnelles : conciliation difficile, mais pas impossible

On a demandé aux parents seuls d’indiquer dans quelle mesure ils parviennent à concilier les exigences du service militaire avec leurs responsabilités parentales. La plupart pensent que la tâche n’est pas impossible (voir la figure 2). Toutefois, environ 55 % des répondants se sentent divisés entre leurs responsabilités professionnelles et familiales, et admettent qu’il n’est pas facile d’être à la fois de bons parents et de bons militaires. Environ 44 % de ces parents croient qu’il est difficile de concilier les responsabilités parentales et celles de la vie militaire. Ces constatations corroborent les données d’études antérieures selon lesquelles les parents seuls parmi les militaires sont vulnérables aux conflits travail-famille.

 

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Deux des questions posées aux participants concernaient les défis pour la vie de famille en lien avec la vie militaire. Au sujet des répercussions du travail sur la vie de famille, la vaste majorité des militaires en situation monoparentale reconnaissent une certaine influence de la sphère professionnelle à cet égard (voir la figure 3). Environ 70 % des répondants soulignent que les exigences professionnelles sont parfois en concurrence avec celles de la vie de famille, et 64 % d’entre eux admettent avoir déjà raté certaines activités familiales en raison de leurs responsabilités professionnelles.

Pour jeter un éclairage sur les mesures de soutien en milieu de travail offertes aux parents seuls, on a demandé à certains d’entre eux de citer des programmes et politiques des FAC susceptibles de les aider à concilier les exigences familiales et professionnelles. D’après les résultats, on constate que de nombreux parents seuls des FAC ne sont pas au courant des services offerts. À titre d’exemple, moins de 10 % des participants disent connaître l’existence des services offerts aux parents seuls par l’entremise des Centres de ressources pour les familles des militaires. Il s’agit d’une situation à laquelle faisait écho l’un des participants de l’étude qualitative évoquée précédemment :

Les services ne sont pas toujours bien annoncés. Il faut faire des démarches et poser des questions. Quand on déménage dans une grande ville, il vaut mieux chercher un logement à proximité d’un CRFM [Centre de ressources pour les familles des militaires].

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Sensibilisation et soutien à la conciliation travail-famille : des atouts pour les parents seuls des FAC

De nombreux parents seuls des FAC sont confrontés à des difficultés, mais pour certains d’entre eux, les conflits travail-famille représentent une préoccupation centrale. L’un des participants à l’étude qualitative s’exprimait ainsi :

“Ce qui m’inquiète le plus, c’est que mon poste au sein des Forces canadiennes peut me placer devant une situation imprévue où il me faudra choisir entre ma carrière et mes enfants.”

Les parents seuls au sein des FAC bénéficieraient sans doute d’une meilleure sensibilisation aux services offerts, et d’un meilleur accès aux diverses initiatives de soutien et autres programmes d’aide familiale (ex. : Plan de garde familiale), notamment en ce qui a trait aux services de consultation. De plus, la flexibilité et la capacité d’adaptation en milieu de travail pourraient gagner en efficacité si les gestionnaires et les dirigeants connaissaient mieux les défis inhérents aux conflits travail-famille auxquels sont confrontés les parents seuls des FAC. Enfin, en misant sur des programmes et services sur mesure qui visent à optimiser l’encadrement affectif et pratique des parents seuls (ex. : groupes de soutien), il serait possible d’accroître leur capacité de concilier les responsabilités professionnelles et familiales.

Ces travaux portent sur les conflits travail-famille et les principales difficultés qui touchent les parents seuls des FAC, mais il ne s’agit là que d’un premier pas vers une compréhension élargie des facteurs uniques qui influent sur leur bien-être. Dans le but de combler les lacunes dans les connaissances actuelles à cet égard, le DGRAPM a mis sur pied un programme de recherche exhaustif axé sur les familles des militaires, en étroite collaboration avec le domaine de la recherche (notamment par l’entremise de l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans). Ce regroupement de chercheurs a pour mandat d’accroître la qualité de vie des militaires et des vétérans canadiens, ainsi que de leur famille. Le principe de soutien aux familles a d’ailleurs été enchâssé dans l’Engagement des Forces canadiennes à l’endroit des familles, qui reconnaît les liens intrinsèques entre la situation des familles des militaires et la capacité opérationnelle des FAC.

Nous sommes conscients de la contribution importante des familles à l’efficacité opérationnelle des Forces canadiennes et nous reconnaissons la nature unique du mode de vie militaire. Nous honorons la résilience des familles et rendons hommage aux sacrifices qu’elles font pour soutenir le Canada.

Engagement des Forces canadiennes à l’endroit des familles

Dans le droit fil des principes énoncés dans l’Engagement à l’endroit des familles, il importe de continuer à développer l’expertise nécessaire pour mieux s’occuper de ces familles, et pour trouver des moyens de mieux répondre à leurs besoins uniques afin d’assurer le bien-être de chacun sur le plan individuel et familial.

 


Alla Skomorovsky est psychologue en recherche pour le compte du Directeur général – Recherche et analyse (Personnel militaire) (DGRAPM), où elle dirige une équipe de recherche sur les familles des militaires. Elle y mène des études quantitatives et qualitatives sur la résilience, le stress, l’adaptation, l’identité et le bien-être des familles des militaires.

Mme Skomorovsky a été la toute première lauréate du prix Colonel Russell-Mann en reconnaissance de la qualité de ses travaux de recherche sur les conflits travail-famille et le bien-être des parents des FAC. Cette distinction lui a été décernée dans le cadre du Forum 2015, une activité chapeautée par l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans.

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Suggestions de lecture

T. Allen, D. Herst, E. Bruck et M. Sutton (2000). « Consequences Associated with Work-to-Family Conflict: A Review and Agenda for Future Research » dans Journal of Occupational Health Psychology, vol. 5, no 2, p. 278-308.

G.L. Bowen, D.K. Orthner et L. Zimmerman (1993). « Family Adaptation of Single Parents in the United States Army: An Empirical Analysis of Work Stressors and Adaptive Resources » dans Family Relations, no 42, p. 293-304.

A.L. Day et T. Chamberlain (2006). « Committing to Your Work, Spouse, and Children: Implications for Work–Family Conflict » dans Journal of Vocational Behavior, vol. 68, no 1, p. 116-130.

Bullock (2015). The Impact of Military Life on Single-Parent Military Families: Well-Being and Resilience (Rapport technique du Directeur général – Recherche et analyse (Personnel militaire) – DRDC-RDDC-2015-R099), Ottawa (Ontario), Recherche et développement pour la défense Canada.

Les mères seules et leur famille au Canada : diversité, force et résilience

La fête des Mères approche, et les enfants – petits ou grands – en profiteront pour souligner le dévouement de ces mères et grand-mères, sans oublier les arrière-grands-mères de plus en plus nombreuses! Alors que les mamans sont à l’honneur, on s’inquiète souvent du nombre de mères seules et du bien-être de leur famille.

« Pour beaucoup de gens, le terme mère seule évoque l’image d’une pauvre personne, vulnérable et accablée. On a tendance à les mettre dans le même panier, c’est-à-dire parmi le nombre croissant de ces mères qui peinent à élever seules leurs enfants, rappelle la directrice générale de l’Institut Vanier de la famille, Nora Spinks. Or, il s’agit là d’un stéréotype qui ne tient pas compte des diverses réalités familiales vécues par toutes ces mères seules. Bien souvent, les statistiques ne rendent pas justice à cette diversité, tout comme à la complexité de la vie de famille. »

« En 2011, les familles monoparentales ne représentaient que 16 % des quelque 9,4 millions de familles au Canada, et 80 % d’entre elles étaient dirigées par des femmes, ajoute Mme Spinks. Du reste, même si on est porté à penser que les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses au fil des ans, la réalité est en fait plus nuancée. »

Cette croyance résulte entre autres de la place prépondérante accordée aux statistiques colligées depuis les années 60, alors que régnait le modèle de la famille « traditionnelle » dont les deux parents étaient mariés. Cependant, puisque les structures familiales évoluent au fil du temps, on peut constater que les familles monoparentales n’étaient pas si rares en jetant un coup d’œil un peu plus loin en arrière : en 1931, 12 % des enfants vivaient avec un parent seul, soit à peu près la même proportion qu’en 1981 (13 %).

Cependant, bien que ces chiffres puissent paraître similaires, la réalité des familles de ces différentes époques n’était pas la même. En effet, au cours de la première moitié du XXe siècle, plusieurs des familles monoparentales l’étaient devenues à la suite du décès de la mère à l’accouchement. En 1931, les quatre cinquièmes des enfants de familles monoparentales avaient perdu un parent à la suite d’un décès dans la famille. À la fin du siècle, ce n’était plus le cas que d’un dixième des enfants des familles monoparentales.

Après le baby-boom, c’est plutôt l’augmentation du nombre de séparations et de divorces qui a contribué à accroître la proportion de mères seules, particulièrement à la faveur de la réforme de la loi sur le divorce, en 1968. Cela fait partie des nombreux changements qui ont totalement modifié la vie des femmes au Canada à la même époque : l’introduction de la pilule contraceptive, qui a largement favorisé la planification familiale pour les femmes, et le fait que ces dernières ont été de plus en plus nombreuses à faire des études supérieures et à occuper un emploi, ce qui a contribué à l’augmentation des revenus.

Cette croissance se poursuit toujours et le bien-être économique des femmes continue de s’améliorer. De 1998 à 2008, les revenus des mères seules ont augmenté de 51 % (comparativement à 13 % chez les hommes). Par conséquent, l’écart des revenus a fondu entre les familles monoparentales dirigées par une femme et celles dirigées par un homme : en 1998, le revenu familial des femmes seules ne correspondait qu’à 53 % de celui des hommes, mais il atteignait déjà 70 % en 2008.

De fait, la proportion des mères seules (et de la monoparentalité en général) a toujours varié en importance au fil du temps : les facteurs ne sont pas les mêmes, mais l’évolution constante est une réalité. Les familles savent s’adapter et réagir aux changements, peu importe leur profil ou le nombre de parents qu’on y retrouve.

Par ailleurs, l’étiquette accolée aux « mères seules » entraîne souvent une autre idée fausse, selon laquelle ces mamans seraient démunies. À vrai dire, le terme « seule » suppose tout simplement que ces femmes élèvent une famille sans autre soutien (cette réalité s’applique également à l’expression jumelle « mère seul soutien de famille »).

Bien souvent, ces mamans ne sont pas seules pour élever leurs enfants. Dans certains cas, elles reçoivent notamment l’aide de leur ex-conjoint à cet égard. En 2011, 35 % des parents séparés ou divorcés affirmaient que les décisions concernant la santé, la religion ou l’éducation de leurs enfants étaient prises conjointement ou à tour de rôle. Pour la même année, 9 % de ces parents déclaraient que leurs enfants passaient autant de temps chez l’un ou l’autre parent.

Le soutien peut provenir aussi d’autres membres de la famille. En 2011, 8 % des grands-parents habitaient sous le même toit que leurs petits-enfants, et le tiers d’entre eux vivaient en fait chez un parent « seul ». « C’est donc dire que quelque 600 000 grands-mamans et grands-papas vivent au domicile familial, et plusieurs d’entre eux procurent des soins et du soutien aux deux générations », souligne Mme Spinks.

La cohabitation multigénérationnelle est de plus en plus courante, notamment parmi les familles immigrantes et autochtones. Les générations qui vivent sous le même toit peuvent ainsi partager les coûts, mettre en commun leurs épargnes et se répartir les responsabilités de soins. Les trois quarts des grands-parents vivant au sein d’un foyer monoparental affirment y contribuer financièrement.

Enfin, bon nombre des mères seules bénéficient du soutien d’une personne avec qui elles entretiennent une relation intime stable, même lorsque les partenaires « vivent en couple chacun chez soi » (on parle de couples VCCS). Selon Statistique Canada, 8 % des femmes de 20 ans ou plus (soit 1,9 million de femmes) vivent ainsi une union non cohabitante. Par contre, il n’existe aucune donnée pour savoir combien d’entre elles sont des mères seules.

Bref, les familles sont diversifiées et les formes de soutien qu’elles procurent ou reçoivent le sont tout autant, même si les statistiques ne rendent pas toujours justice à la panoplie de réseaux d’entraide ou de formes de soutien qui existent à cet égard. Les mères seules bénéficient aussi parfois de l’aide d’amis ou de membres de la famille, qu’il s’agisse des soins aux enfants, d’un prêt financier, d’un logement, d’un moyen de transport, de jouets, livres ou autres biens usagés, de repas ou de provisions, ou encore de soutien affectif.

« Il faut savoir faire preuve d’ouverture lorsque l’on aborde le sujet des mères seules d’aujourd’hui. Compte tenu de la diversité et de la complexité de la vie familiale, il faut reconnaître que les familles – quelles qu’elles soient – sont capables de s’adapter et de se montrer fortes et résilientes. Les idées préconçues et les stéréotypes que l’on entretient à l’égard de certaines structures familiales ne mènent qu’à l’incompréhension, affirme Mme Spinks. C’est ce principe même qui guide l’Institut Vanier de la famille depuis sa création il y a cinquante ans, et sur lequel continueront de se fonder nos travaux pendant encore plusieurs années au sujet des familles du Canada. »