Amy Robichaud

Amy est la fille de Lore, la petite-fille de Rae et l’arrière-petite-fille de Rita.

Elle est actuellement PDG du centre Les mères comptes Canada et a été auparavant directrice générale de la fondation Dress for Success Vancouver, directrice de l’engagement à la Minerva Foundation for BC Women, et consultante en développement et en gouvernance auprès d’organismes tels que la RBC Fondation, le Centre mondial du pluralisme et l’Association canadienne pour la santé mentale.

La volonté d’Amy de trouver des moyens concrets pour favoriser l’équité, l’inclusion économique et la prospérité de l’ensemble de la population influence tout ce qu’elle entreprend, y compris son travail bénévole. Elle exerce actuellement son second mandat à la présidence du Comité consultatif des femmes de la Ville de Vancouver, apportant son expertise au Conseil et au personnel en vue de renforcer l’accès et l’inclusion des femmes et des filles pour leur permettre de jouer un rôle actif dans les services de la Ville et la vie citoyenne. Elle a aussi occupé le poste de présidente de la fondation Dress for Success Canada et a reçu le prix Femmes de mérite du YWCA de Vancouver en 2023. Elle est membre du Banff Forum et de l’organisme WNORTH.

Amy et son mari ont habité dans plusieurs régions à travers le Canada et résident aujourd’hui avec bonheur et humilité sur les terres non cédées, ancestrales et traditionnelles des nations xʷməθkʷəy̓əm, Sḵwx̱wú7mesh et səlilwətaɬ, avec leurs animaux de compagnie et leur bibliothèque verdoyante.

À propos du centre Les mères comptent Canada

Les mères comptent Canada (MCC) est un organisme national qui se consacre à l’émancipation des mères à faible revenu et isolées sur le plan social en proposant des programmes novateurs, fondés sur des données probantes, qui favorisent l’éducation des jeunes enfants, renforcent les liens parents-enfants et facilitent l’intégration communautaire. Grâce à divers partenariats et actions de sensibilisation, le centre s’efforce de briser les cycles de la pauvreté et de l’isolement, en veillant à ce que les mères et leurs enfants réalisent leur plein potentiel et s’épanouissent dans des communautés accueillantes et inclusives. Lorsque les mères s’accomplissent, les enfants prospèrent et les communautés se fortifient.

Jennifer Zwicker

Jennifer Zwicker est professeure adjointe et directrice des politiques sociales et de santé à la School of Public Policy de la Faculté de kinésiologie de l’Université de Calgary, titulaire de la Chaire de recherche du Canada (II) sur les politiques relatives aux enfants et aux jeunes handicapés, et scientifique en chef du Réseau pour la santé du cerveau des enfants. Son programme de recherche a pour but d’évaluer les interventions et d’orienter les politiques en matière d’allocation de fonds, de services et d’aide aux jeunes en situation de handicap et à leur famille. Une étroite collaboration entre les parties prenantes et le gouvernement a été essentielle à la transposition de publications évaluées par des pairs en documents d’orientation, en articles d’opinion et en notes d’information à l’intention des ministères provinciaux et fédéraux, et des comités sénatoriaux. Ses travaux ont récemment orienté le groupe de travail sur la stratégie pancanadienne en matière d’autisme de l’Académie canadienne des sciences de la santé ainsi que le groupe de travail composé de spécialistes de la Société royale du Canada dans l’élaboration de politiques inclusives en matière de handicap pendant la pandémie de COVID-19. Elle a été reconnue pour son leadership sur le plan des politiques en tant qu’ancienne membre d’Action Canada, lors de la Conférence canadienne du Gouverneur général sur le leadership et dans le cadre du programme Canada’s Top 40 Under 40 (les 40 meilleur·es de moins de 40 ans).

Robin McMillan

Au cours de sa carrière, Robin McMillan a passé plus de 30 ans à travailler dans le secteur de la petite enfance. Elle a d’abord travaillé comme éducatrice pendant huit ans auprès d’enfants d’âge préscolaire. Puis elle a quitté la première ligne afin de développer des ressources pour les praticiennes et praticiens à la Fédération canadienne des services de garde à l’enfance (FCSGE). Elle travaille à la FCSGE depuis 1999, où elle est passée d’assistante de projet à gestionnaire de projet, puis à son rôle actuel de conceptrice de projets, de programmes et de partenariats. Plusieurs réalisations ont marqué sa carrière à la FCSGE, notamment la gestion de plus de 20 projets nationaux et internationaux, y compris un projet de l’ACDI en Argentine et la présentation d’un rapport avec l’honorable sénateur Landon Pearson au Comité des droits de l’enfant à Genève, en Suisse.

Robin a été membre du conseil d’administration de l’Ottawa Carleton Ultimate Association pendant deux ans et a participé à l’organisation de nombreux événements caritatifs locaux. Elle a fondé et animé un groupe local de soutien aux parents, Ottawa Parents of Children with Apraxia (Parents d’enfants atteints d’apraxie à Ottawa), ainsi qu’un groupe national, Apraxia Kids Canada (L’apraxie chez les enfants au Canada). Elle est mariée et a un fils de 17 ans atteint d’un grave trouble de la parole (apraxie verbale) et d’une légère déficience intellectuelle, ce qui l’a propulsée dans le monde du plaidoyer pour le soutien à la parentalité. Elle a d’ailleurs reçu le prix de défenseure de l’année en 2010, décerné par la Childhood Apraxia of Speech Association of North America.

À propos de l’organisme : Nous représentons la communauté du secteur de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants au Canada, à savoir l’ensemble des professionnel·les et des praticien·nes d’un océan à l’autre. Nous donnons voix à la passion, à l’expérience et aux pratiques en matière d’apprentissage et de garde des jeunes enfants (AGJE) au pays. Nous mettons de l’avant des recherches novatrices en matière de politiques et de pratiques afin de mieux éclairer le développement et la prestation des services. Nous faisons preuve de leadership sur les enjeux qui touchent notre secteur, ayant foi en notre capacité d’influencer positivement la vie des jeunes enfants, à savoir notre véritable objectif, notre raison d’être. Les sujets abordés, explorés et communiqués au sein de notre communauté ont le potentiel de transformer des vies et nous en avons pleinement conscience. Nous sommes une force engagée et passionnée en faveur d’un changement positif là où ça compte le plus, c’est-à-dire auprès des enfants.

Gaëlle Simard-Duplain 

Gaëlle Simard-Duplain est professeure adjointe au Département de sciences économiques de l’Université Carleton. Ses travaux de recherche portent sur les facteurs qui ont une incidence sur la santé et la situation sur le marché du travail. Elle s’intéresse particulièrement à la relation entre les politiques et l’atténuation ou l’exacerbation des inégalités chez les familles, à la fois dans la dynamique au sein des ménages et dans les mécanismes de transmission intergénérationnelle. Pour ce faire, elle a principalement recours à des sources de données administratives, parfois liées à des données d’enquête ou à des méthodes de recherche quasi expérimentales. Gaëlle est titulaire d’un doctorat en sciences économiques de l’Université de Colombie-Britannique.

Donna S. Lero

Donna S. Lero est professeure émérite et titulaire de la première Chaire Jarislowsky sur les familles et le travail à l’Université de Guelph, où elle a cofondé le Centre pour les familles, le travail et le bien-être. Elle mène des recherches dans les domaines des politiques sociales, du travail et de la famille, et de la prestation de soins. Ses projets actuels portent sur l’emploi maternel et les modes de garde des enfants, les politiques en matière de congé parental, et l’incapacité et l’emploi. Elle participe également au projet Inclusive Early Childhood Service System (IECSS) ainsi qu’au projet du CRSH, Réinventer les politiques soins/travail.

Barbara Neis

Barbara Neis est professeure titulaire émérite de la Chaire John Lewis Paton et professeure-chercheuse honoraire (à la retraite) du Département de sociologie de l’Université Memorial. Barbara a obtenu son doctorat en sociologie à l’Université de Toronto en 1988. Elle s’intéresse principalement aux interactions entre le travail, l’environnement, la santé, les familles et les communautés dans les milieux marins et côtiers. Elle a cofondé et codirigé le SafetyNet Centre for Occupational Health and Safety à l’Université Memorial et a été présidente de l’Association canadienne de la recherche en santé et sécurité au travail. Depuis les années 1990, elle a mené, supervisé et soutenu d’importants programmes de recherche en collaboration avec l’industrie de la pêche à Terre-Neuve-et-Labrador, notamment dans les domaines suivants : les connaissances des pêcheurs, les sciences et la gestion marines, la santé et la sécurité au travail, la reconstruction des pêcheries effondrées, et le genre et la pêche. Entre 2012 et 2023, elle a dirigé le Partenariat en mouvement, financé par le CRSH, un vaste programme de recherche multidisciplinaire explorant la dynamique de la mobilité professionnelle prolongée/complexe liée à l’emploi dans le contexte canadien, notamment son incidence sur les travailleuses et travailleurs et leur famille, les employeurs et les communautés.

Susan Prentice

Susan Prentice est professeure du programme d’études gouvernementales Duff Roblin à l’Université du Manitoba, où elle enseigne la sociologie. Elle se spécialise dans les politiques familiales, et plus particulièrement dans les politiques liées à la garde des enfants. Elle a publié de nombreux travaux sur les politiques familiales et liées à la garde des enfants, dont les plus récents sont accessibles sur sa page de profil de l’UM. Elle donne des cours sur les politiques familiales aux premier et deuxième cycles universitaires. Susan travaille en étroite collaboration avec des groupes provinciaux et nationaux qui font la promotion des services de garde et est membre du comité de direction de la Child Care Coalition of Manitoba.

Diane-Gabrielle Tremblay

Diane-Gabrielle Tremblay est professeure d’économie et de sociologie du travail, ainsi que de gestion des ressources humaines à l’Université TÉLUQ (Université du Québec). Elle a été nommée présidente de la Chaire de recherche du Canada sur les enjeux socio-organisationnels de l’économie du savoir en 2002 et directrice de l’Alliance de recherche universités-communautés (ARUC) sur la gestion des âges et des temps sociaux en 2009 (www.teluq.ca/aruc-gats). Elle a été nommée Membre de la Société royale du Canada (MSRC) ainsi que du Centre d’excellence de l’Université du Québec, en reconnaissance de la qualité de ses recherches et de ses publications. Ses travaux portent sur la conciliation travail-famille, l’organisation du travail (télétravail, cotravail) et l’aménagement du temps de travail. Diane-Gabrielle a publié de nombreux ouvrages, dont un manuel sur l’économie du travail, un manuel de sociologie du travail, trois livres sur le temps de travail et la conciliation travail-famille, ainsi que des articles dans diverses revues internationales.

Shelley Clark

Shelley Clark, démographe et professeure lauréate du prix James-McGill en sociologie, mène des recherches sur le genre, la santé, les dynamiques familiales et les périodes transitoires de la vie. Après avoir obtenu son doctorat à la Princeton University en 1999, Shelley a travaillé à titre d’adjointe de programme du Population Council à New York (1999-2002) et de professeure adjointe à la Harris School of Public Policy de la University of Chicago (2002-2006). À l’été 2006, elle a intégré le Département de sociologie de l’Université McGill, où elle est devenue en 2012 la directrice fondatrice du Centre de recherche sur la dynamique des populations. Une grande partie de ses recherches au cours des 20 dernières années se sont intéressées à la manière dont les adolescentes et adolescents d’Afrique subsaharienne effectuent leurs principales transitions vers l’âge adulte alors qu’il y sévit une épidémie persistante de VIH/sida. D’autres travaux ont permis de mettre en relief les vulnérabilités sociales, économiques et sanitaires des mères célibataires et de leurs enfants en Afrique subsaharienne. Récemment, Shelley s’est lancée dans un nouveau programme de recherche visant à évaluer les inégalités entre les régions rurales et urbaines ainsi que les dynamiques familiales aux États-Unis et au Canada. Ses découvertes soulignent la diversité des structures familiales dans les régions rurales ainsi que les conséquences d’un accès limité à la contraception sur la fécondité et la santé reproductive des femmes de ces régions.

Coup d’œil sur les grands-parents au Canada (mai 2019 – mise à jour)

Au Canada, les grands-parents forment un groupe très diversifié et plusieurs participent activement au bien-être de la famille et à son fonctionnement, notamment dans leurs rôles de mentors, d’éducateurs, d’aidants, de gardiens d’enfants, d’historiens, de guides spirituels et de « dépositaires de la mémoire familiale ».

Certes, la population du Canada est vieillissante et l’espérance de vie continue de s’allonger, c’est pourquoi il faut s’attendre à voir les grands-parents de plus en plus présents dans le quotidien de nombreuses familles au cours des prochaines années. Au Canada, le nombre d’aînés au sein de la population active ne cesse d’augmenter, et ceux-ci jouent un rôle de plus en plus senti sur le marché du travail. Cependant, ce virage entraîne aussi des répercussions pour les familles qui comptent sur les grands-parents pour s’occuper des petits-enfants ou d’autres membres de la famille. Par ailleurs, le cadre de vie des grands-parents continue de se transformer, à l’heure où ceux-ci sont de plus en plus nombreux à cohabiter avec les générations plus jeunes tout en contribuant aux ménages des familles.

Les données récemment publiées dans le cadre de l’Enquête sociale générale de 2017 nous ont permis de mettre à jour l’une de nos ressources les plus consultées, soit la publication Coup d’œil sur les grands-parents au Canada, qui propose un portrait statistique des grands-parents, de leurs relations familiales et de certaines des tendances socioéconomiques qui sont au cœur de cette évolution.

Quelques faits saillants :

  • En 2017, 47 % des Canadiens de 45 ans et plus étaient grands-parents, comparativement à 57 % en 19951.
  • En 2017, l’âge moyen des grands-parents était de 68 ans (contre 65 ans en 1995), alors que l’âge moyen des nouveaux grands-parents était de 51 ans pour les femmes et de 54 ans pour les hommes en 20172, 3.
  • En 2017, près de 8 % des grands-parents avaient 85 ans et plus; cette proportion s’établissait à 3 % en 19954.
  • En 2017, 5 % des grands-parents du Canada vivaient sous le même toit que leurs petits-enfants, soit une légère augmentation par rapport aux 4 % de 19955.
  • En 2017, les grands-parents nés à l’extérieur du Canada étaient plus de deux fois plus enclins que leurs homologues nés au Canada à cohabiter avec leurs petits-enfants (9 % et 4 %, respectivement), soit le résultat d’une interaction complexe entre le choix, la culture et le contexte6.

Téléchargez le document Coup d’œil sur les grands-parents au Canada (mai 2019) de l’Institut Vanier de la famille.

Battams, N. (2019). Coup d’oeil sur les grands-parents au Canada (mai 2019). L’institut Vanier de la famille. https://doi.org/10.61959/disx1332f


Publié le 28 mai 2019

1 Statistique Canada, « Histoire de famille : les grands-parents au Canada » dans Le Quotidien (7 février 2019). Lien : https://bit.ly/2SyX80d.
2 Ibidem
3 Aucunes données comparables ne peuvent être fournies puisque c’était la première fois que la question était posée dans l’Enquête sociale générale.
4 Ibidem
5 Statistique Canada, « Histoire de famille : les grands-parents au Canada ».
6 Ibidem

Recherche en bref : La réalité scolaire pour les enfants des familles de militaires

Emily Beckett

Téléchargez le document Recherche en bref : La réalité scolaire pour les enfants des familles de militaires

Le Canada compte plus de 64 000 enfants au sein des familles de militaires1, et plusieurs d’entre eux sont confrontés à une importante mobilité. D’après certaines études, les familles des militaires déménagent de trois à quatre fois plus souvent que leurs homologues civils2. Or, même si la plupart des familles des militaires manifestent une grande capacité d’adaptation et beaucoup de résilience lorsqu’elles sont confrontées à une réinstallation, plusieurs recherches récentes ont permis de constater que les déménagements récurrents risquent de nuire au bien-être de la famille3.

Près des trois dixièmes (27 %) des conjoints des militaires interrogés disent avoir dû déménager au moins quatre fois à cause des impératifs de la vie militaire4.

Les réinstallations fréquentes peuvent bousculer la vie de famille à plusieurs égards, et certaines études suggèrent que les perturbations les plus marquées du point de vue des jeunes se font sentir à l’école et dans les activités parascolaires5. Les parents des familles de militaires sont d’ailleurs conscients de ces effets : plus de la moitié des conjoints de militaires interrogés (54 %) s’accordent pour dire que « les enfants des militaires sont désavantagés par la méconnaissance de la réalité des militaires dans les écoles civiles publiques »6. Toutefois, des travaux de recherche ont aussi montré que le milieu scolaire de l’enfant permet souvent de faciliter la transition et, par conséquent, de favoriser le bien‑être des jeunes dans les familles des militaires.

Heidi Cramm, Ph. D., et Linna Tam-Seto, doctorante, ont réalisé une recension des écrits (School Participation and Children in Military Families: A Scoping Review, en anglais seul.), où elles s’intéressent à l’impact de ces transitions sur le bien-être des enfants et des jeunes des familles de militaires, particulièrement en ce qui concerne leur réalité scolaire. Après avoir passé en revue quelque 112 articles spécialisés, les deux chercheuses ont constaté que certaines réalités communes aux familles des militaires finissent souvent par nuire à la qualité et au degré de participation des enfants dans les activités scolaires ou parascolaires, que ce soit à cause de l’éloignement d’un parent en déploiement, d’une réinstallation, des risques associés aux missions militaires des parents, ou des perturbations de la dynamique familiale pendant ou après un déploiement. Même si la vaste majorité des articles recensés dans le cadre de cette initiative reflètent la situation en contexte américain, il semble que les familles des militaires au Canada partagent à peu près la même réalité et les mêmes préoccupations, comme en témoignent les Résultats de l’évaluation des besoins de la communauté des Forces armées canadiennes (FAC) de 20167.

Se réinstaller progressivement dans une nouvelle collectivité

Les enfants des familles de militaires qui fréquentent une nouvelle école n’éprouvent pas nécessairement des difficultés scolaires, mais l’état actuel de la recherche montre qu’il leur faut néanmoins de quatre à six mois à chaque déménagement pour s’habituer complètement à leur nouvelle réalité scolaire. Bien que ces situations soient temporaires, les interruptions successives risquent d’entraîner des incidences à long terme en limitant les possibilités plus tard dans la vie de ces élèves, notamment quant à leur capacité de prendre des risques ou de relever des défis.

Axées surtout sur la réalité aux États-Unis, les études recensées par Mmes Cramm et Tam-Seto révèlent que les difficultés des élèves en transition semblent surtout associées à la durée des déploiements (nombre total de mois d’absence des parents en mission), au degré de résilience, de même qu’à la santé mentale du parent qui prend le relai du conjoint en mission. Ces travaux de recherche mettent aussi en relief les difficultés de réinsertion dans la routine et la structure familiale qui touchent parfois les militaires au terme d’un déploiement. D’après les données probantes, ces effets négatifs s’intensifient en fonction du nombre de mois de déploiement. Il sera particulièrement important d’en tenir compte dans le portrait de la situation des familles des militaires au Canada.

La vie militaire : des répercussions sur le parcours scolaire et l’accès aux mesures de soutien

Les travaux de recherche examinés par Mmes Cramm et Tam-Seto mettent en relief diverses incidences sur le rendement scolaire des élèves (majoritairement américains) qui déménagent d’un territoire à l’autre (ex. : déficits ou dédoublements dans les apprentissages). Différents facteurs entrent en ligne de compte selon les régions, notamment en ce qui concerne les normes en vigueur, les crédits exigés ou encore l’âge d’entrée à la maternelle. Les chercheuses ont aussi constaté que le niveau de stress à la maison durant un déploiement et au cours de la période de réinsertion qui s’ensuit influence souvent le comportement à l’école et la dynamique en classe, alors que ces élèves vivent parfois des difficultés sur le plan affectif, des problèmes de concentration ou d’anxiété, ou des relations conflictuelles avec leurs pairs. L’enquête sur l’évaluation des besoins de la communauté des FAC ne précise pas si la mobilité est la principale cause des difficultés qu’éprouvent les enfants des répondants, mais 13 % d’entre eux avouent que ceux-ci ont manifesté des problèmes comportementaux ou affectifs à l’école durant l’année précédente. D’autres recherches seront nécessaires pour compléter le tableau et mieux comprendre la situation des familles des militaires au Canada.

En 2016, plus d’un septième (13 %) des militaires des Forces armées canadiennes interrogés affirmaient que leur enfant avait éprouvé des problèmes comportementaux ou affectifs à l’école durant l’année précédente.

D’après certaines études, l’adaptation comportementale et affective influencerait le rendement scolaire des jeunes (ex. : comportement, présence, attitude vis-à-vis de l’école ou de l’approche éducative). On peut penser que les difficultés associées au changement d’école sont encore plus grandes pour les élèves ayant besoin de ressources éducatives spécialisées8. À ce chapitre, 8,2 % des familles des FAC interrogées ont des enfants ayant des besoins spéciaux9, et plusieurs d’entre elles nécessitent des ressources et des mesures de soutien. Or, chaque déménagement complique l’accès à de tels services.

Les nombreux parents des familles de militaires qui ont un enfant atteint d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) sont confrontés aux mêmes difficultés que toutes les autres familles où quelqu’un a des besoins particuliers : non seulement doivent-ils trouver les ressources adéquates dans le dédale du système d’éducation et du réseau de soins de santé, mais ils sont aussi confrontés à la difficulté d’obtenir une évaluation et un diagnostic10. Or, les familles restent parfois des mois voire des années sur une liste d’attente pour recevoir enfin un diagnostic. Dans un tel contexte, certaines familles de militaires sont contraintes de repartir à la fin d’une affectation avant même d’avoir eu accès à des soins ou à des services.

En fait, plusieurs ressources éducatives spécialisées ne sont pas accessibles sans diagnostic. Mmes Cramm et Tam-Seto ont constaté que l’école freine parfois l’accès à certaines ressources en présumant que les difficultés scolaires de l’élève sont uniquement liées au mode de vie des militaires ou qu’elles sont temporaires en lien avec le déploiement d’un parent. À l’inverse, certains intervenants privilégient des ressources éducatives spécialisées pour pallier des déficits d’apprentissage qui sont en réalité liés aux réinstallations et nécessiteraient des mesures moins ciblées. Dans le réseau scolaire américain, plusieurs se sentent mal outillés pour pouvoir bien cibler les élèves des familles de militaires qui méritent un traitement auprès de spécialistes cliniques.

Consolider les collectivités malgré l’importante mobilité

D’après les études consultées, l’importante mobilité entrave souvent la capacité des enfants des familles de militaires à nouer et à entretenir des relations personnelles et à s’intégrer à un cercle social avec les enfants de leur âge. Il n’est pas rare que leurs homologues civils ne comprennent pas la réalité que supposent ces déménagements successifs ou le déploiement d’un parent – ou qu’ils n’y soient pas sensibles –, ce qui teinte leurs relations avec les enfants des militaires. Néanmoins, les interactions entre les jeunes des familles militaires et non militaires sont fréquentes, puisque de nos jours 85 % des familles des militaires au Canada vivent à l’extérieur d’une base, c’est-à-dire dans les collectivités civiles (comparativement à seulement 20 % vers le milieu des années 90)11.

Mmes Cramm et Tam-Seto ont constaté que les enfants des familles de militaires qui vivent en milieu civil aux États-Unis sont particulièrement vulnérables à l’isolement et à la solitude, et il s’agit là de données importantes puisqu’il existe des liens nets entre le bien-être et l’adhésion à un cercle social solide, d’après les études12. En outre, l’état actuel de la recherche laisse entrevoir que le sentiment d’appartenance communautaire est souvent déterminant pour la santé mentale et la résilience13.

La mobilité risque également d’entraver la participation à certaines activités parascolaires pour les jeunes des familles de militaires. Par exemple, il pourrait être trop tard pour un jeune qui emménage avec sa famille et qui souhaiterait se joindre à une équipe de soccer, alors que la période d’entraînement est peut‑être terminée et que l’équipe a été complétée avant le début de l’année scolaire. Certaines équipes de sports d’élite ou d’autres programmes de leadership hésitent parfois à recruter les élèves des familles de militaires de crainte d’avoir à les remplacer s’ils doivent déménager à nouveau.

D’après le rapport de 2016 sur l’évaluation des besoins de la communauté des FAC, près des trois dixièmes (29 %) des répondants qui considéraient le bien-être de leurs enfants comme leur principal souci durant l’année précédente disent avoir besoin d’aide dans leurs démarches pour assurer le bien-être de leurs enfants (ex. : mise en forme, gestion du stress, consolidation des liens familiaux). Dans certains cas, les parents dont le conjoint est en déploiement ne sont pas en mesure d’aller reconduire leurs enfants aux activités parascolaires ou d’assumer toutes les responsabilités compte tenu des besoins accrus à la maison pour s’occuper des enfants (23 % de tous les répondants affirment avoir eu des problèmes liés à la garde des enfants, qu’il s’agisse de la qualité et de la disponibilité des services, de la distance à parcourir, du coût, etc.).

Les professionnels de l’éducation sont en position privilégiée pour faciliter les transitions

Les études montrent que les enseignants, les conseillers et d’autres professionnels de l’éducation sont en situation privilégiée pour faciliter la transition des jeunes des familles de militaires. La recension de certaines études aux États-Unis suggère que le milieu scolaire offre parfois un facteur « de protection » durant une réinstallation, et que les éducateurs sont susceptibles d’aider les élèves des familles de militaires en consolidant leur résilience et leurs mécanismes d’adaptation.

De fait, les déménagements sont déstabilisants en soi et perturbent les habitudes et la routine, si bien que plusieurs familles de militaires et leurs enfants dépendent largement du personnel et du milieu scolaire relativement au soutien socioaffectif. Parmi les parents des FAC qui considéraient le bien‑être de leurs enfants comme leur principal souci durant l’année précédente, plus du tiers des répondants (34 %) disaient avoir besoin de soutien affectif ou social. Les études tendent à montrer que l’implication éventuelle des familles dans la vie scolaire de leur enfant favorise souvent l’engagement et la réussite scolaires, diminue les risques de décrochage et augmente les chances de faire des études postsecondaires.

Toutefois, Mmes Cramm et Tam-Seto ont aussi constaté que plusieurs intervenants du milieu de l’éducation aux États-Unis se disent dépassés par l’ampleur des besoins de leurs élèves, si bien qu’il leur semble difficile de tenir compte des enjeux particuliers des familles des militaires (réinstallations successives, déploiement des parents, peur de voir leurs parents blessés ou tués dans le cadre d’un déploiement), de répondre aux besoins de ces familles et de communiquer efficacement avec elles.

Même si plusieurs des études et des rapports analysés et cités par Mmes Cramm et Tam-Seto portent sur la réalité vécue à l’étranger, leurs conclusions permettent néanmoins de mieux comprendre la situation des familles des militaires au Canada, qui ont en commun plusieurs « éléments stressants de la vie militaire » avec leurs homologues américains, entre autres l’importante mobilité, les périodes récurrentes d’éloignement ainsi que les risques14. Les études recensées donnent à penser que les écoles et les professionnels de l’éducation ayant une bonne littératie militaire (conscientisation à l’égard de ces stresseurs et de la réalité des familles des militaires) peuvent jouer un rôle majeur pour faciliter la transition des jeunes. Au cours des prochaines années, il sera impératif de disposer d’études axées plus particulièrement sur le milieu scolaire en contexte canadien.

Des ressources et de l’information pour favoriser le soutien aux familles des militaires

Les initiatives visant à accroître la littératie militaire des professionnels de l’éducation ont un important rôle à jouer pour épauler les jeunes des familles de militaires ainsi que leurs proches, et plusieurs ont déjà exprimé le souhait d’avoir accès à des ressources pour les aider en ce sens. Divers outils existent déjà pour favoriser la création et la consolidation d’équipes de conseillers scolaires (et de collègues) bien au fait de la « littératie militaire » dans les écoles au Canada, afin de transmettre de l’information et des ressources ciblées à propos du mode de vie des militaires et des vétérans. À ce chapitre, le Cercle canadien du leadership pour les familles des militaires et des vétérans et l’Association canadienne de counseling et de psychothérapie ont publié en 2017 un guide intitulé Les conseillers et les conseillères en milieu scolaire travaillant auprès des familles des militaires et des vétérans.

Les familles des militaires et des vétérans sont fortes, diversifiées et résilientes, et leur contribution unique s’avère précieuse pour les collectivités du pays. Bon nombre d’entre elles sont confrontées à une importante mobilité, ce qui se répercute sur le bien-être des enfants et des jeunes dans l’entourage des militaires et, finalement, sur le mieux-être et l’efficacité des militaires eux-mêmes parmi les Forces armées canadiennes15. Pour permettre à ces familles de prospérer au sein de collectivités et de milieux de travail inclusifs, il faudra accroître la conscientisation vis-à-vis de leur réalité et du « mode de vie des militaires », auprès des professionnels de l’éducation et des intervenants qui s’emploient à étudier, à servir et à soutenir les familles des militaires.

Pour consulter la version intégrale de l’étude :

Heidi Cramm, Ph.D., et Linna Tam-Seto, doctorante, « School Participation and Children in Military Families: A Scoping Review » dans Journal of Occupational Therapy, Schools, & Early Intervention (1er mars 2018). Lien : https://bit.ly/2qiWfcU

 

Téléchargez le document Recherche en bref : La réalité scolaire pour les enfants des familles de militaires



Emily Beckett est une auteure professionnelle qui habite à Ottawa (Ontario).

Publié le 22 mai 2018

Cet article a été révisé par le colonel Russ Mann (retraité), conseiller spécial de l’Institut Vanier de la famille et ancien directeur des Services aux familles des militaires, en collaboration avec Heidi Cramm, Ph. D., et Linna Tam-Seto, doctorante.

Notes

  1. Heidi Cramm et autres, « L’état actuel de la recherche sur les familles des militaires » dans Transition (19 janvier 2016).
  2. Kerry Sudom, « Quality of Life among Military Families: Results from the 2008/2009 Survey of Canadian Forces Spouses » dans Director General Military Personnel Research and Analysis, Chief Military Personnel (août 2010). Lien :  http://bit.ly/2b8Hp3U
  3. Pour en savoir davantage : Coup d’œil sur les familles des militaires et des vétérans au Canada
  4. Sudom, 2010
  5. Pamela Arnold et autres « Needs of Military-Connected School Divisions in South-Eastern Virginia » dans Old Dominion University, Center for Educational Partnerships (septembre 2011), lien : https://bit.ly/2EQGs9F; Angela J. Huebner et autres, « Parental Deployment and Youth in Military Families: Exploring Uncertainty and Ambiguous Loss » dans Family Relations, vol. 56, no 2 (avril 2007), lien : https://bit.ly/2qT6zrH; Kristin N. Mmari et autres, « Exploring the Role of Social Connectedness among Military Youth: Perceptions from Youth, Parents, and School Personnel » dans Child and Youth Care Forum, vol. 39, no 5 (octobre 2010), lien : https://bit.ly/2vm4aey.
  6. Sanela Dursun et Kerry Sudom, « Impacts of Military Life on Families: Results from the Perstempo Survey of Canadian Forces Spouses » dans Director General Military Personnel Research and Analysis, Chief Military Personnel (novembre 2009). Lien : http://bit.ly/1pbjBgC.
  7. Prairies Research Associates, Résultats de l’évaluation des besoins de la communauté des FAC de 2016 (septembre 2017).
  8. Cramm, 2016
  9. Heidi Cramm, « L’accès aux soins de santé pour les familles des militaires ayant un enfant touché par l’autisme » dans Transition (6 novembre 2017).
  10. Cramm, 2017
  11. Ibidem
  12. Maire Sinha, « Rapports des Canadiens avec les membres de leur famille et leurs amis » dans Mettre l’accent sur les Canadiens : résultats de l’Enquête sociale générale, no 89-652-X au catalogue de Statistique Canada (dernière mise à jour au 30 novembre 2015). Lien : https://bit.ly/2FCPTtI
  13. Statistique Canada, « Appartenance à la communauté » dans Gens en santé, milieux sains, no 82-229-X au catalogue de Statistique Canada (janvier 2010). Lien : https://bit.ly/2rercj2
  14. Ombudsman de la Défense nationale et des Forces canadiennes, « Sur le front intérieur : Évaluation du bien-être des familles des militaires canadiens en ce nouveau millénaire » dans Rapport spécial au ministre de la Défense nationale (novembre 2013). Lien : https://bit.ly/2Ktqtm2
  15. Ombudsman de la Défense nationale et des Forces canadiennes

 

Coup d’œil sur les femmes, le travail et la famille au Canada

Le Canada compte plus de 18 millions de femmes (9,8 millions d’entre elles étant des mères), dont plusieurs assument de multiples responsabilités à la maison, au travail et au sein de leur collectivité. Depuis plusieurs générations, les femmes au Canada entretiennent des rapports changeants avec le monde du travail, et cette situation évolue et se renouvelle encore et toujours. La réalité des femmes est très différente de celle des hommes à cet égard et se caractérise par une grande diversité parmi les femmes elles-mêmes, où entrent en ligne de compte de nombreux facteurs en lien notamment avec les normes et les attentes culturelles, le statut familial, l’incapacité et certaines caractéristiques démographiques.

Afin de mieux comprendre les réalités multiples et évolutives des femmes au Canada par rapport au travail et à la famille, l’Institut Vanier de la famille a publié Coup d’œil sur les femmes, le travail et la famille au Canada. Ce document sert de complément à notre ligne du temps intitulée Cinquante ans : les femmes, le travail et la famille au Canada, qui illustre visuellement les expériences diversifiées des femmes au Canada en lien avec le travail et la famille.

Quelques faits saillants…

  • Parmi les femmes du principal groupe d’âge actif (25 à 54 ans), la proportion des femmes sur le marché du travail a connu une hausse considérable au fil des générations, passant de 35 % en 1964 à 82 % en 2016.
  • Le taux d’emploi varie en fonction des différentes catégories parmi les femmes du principal groupe d’âge actif, notamment chez les immigrantes récentes (53 %), les femmes se réclamant d’identité autochtone (67 %) et les femmes ayant une incapacité (de 52 à 56 % selon les sous-groupes d’âge).
  • En moyenne, les gains horaires moyens des femmes sans enfants sont 12 % plus élevés que celles avec enfants. On parle parfois de « taxe à la maternité » pour évoquer cet écart salarial.
  • En 2016, près du tiers (32 %) des travailleuses à temps partiel de 25 à 44 ans disaient travailler à temps partiel pour pouvoir prendre soin des enfants.
  • 70 % des mères ayant un enfant de 5 ans ou moins occupaient un emploi en 2015, contre seulement 32 % en 1976.
  • Au Québec, à peine 11 % de toutes les nouvelles mères n’ont pas bénéficié de prestations de congé parental ou de maternité en 2013, comparativement à 36 % dans le reste du Canada. Cet écart s’explique par les différents critères d’admissibilité à l’assurance-emploi d’une province à l’autre.
  • Au Canada, 72 % de toutes les mères interrogées se disent satisfaites de leur équilibre travail-vie personnelle, mais cette proportion recule à 63 % chez les mères qui assument aussi une charge d’aidante familiale.
  • 75 % des mères en emploi ayant accès à des modalités de travail flexibles se disent satisfaites de leur équilibre travail-vie personnelle, contre seulement 69 % chez celles qui n’y ont pas accès.

Cette publication bilingue sera régulièrement mise à jour en fonction des nouvelles données. Inscrivez-vous à notre lettre d’information électronique mensuelle pour connaître les mises à jour et les autres nouvelles concernant les publications, les projets et les initiatives de l’Institut Vanier.

Téléchargez le document Coup d’œil sur les femmes, le travail et la famille au Canada publié par l’Institut Vanier de la famille.

 


Publié le 9 mai 2017