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La famille compte 2024

Cette nouvelle ressource de l’Institut Vanier explore l’évolution, la continuité et la complexité des familles au Canada au cours des trois dernières décennies. Publié à l’occasion du 30e anniversaire de l’Année internationale de la famille, le rapport La famille compte 2024 brosse un portrait statistique des familles au pays, en plus de mettre en relief les tendances au fil du temps et leur incidence sur les familles et la vie de famille.

Chapitre 29 – Les horaires de travail irréguliers et atypiques présentent des défis pour de nombreuses familles

Divers aspects de la vie familiale sont structurés autour d’horaires et de routines qui échappent au contrôle des membres de la famille, comme l’accompagnement des enfants à l’école, les activités parascolaires ou le bénévolat. Mais le degré de flexibilité des familles est souvent limité lorsqu’elles doivent composer avec un horaire de travail atypique ou irrégulier.

Bien qu’il n’existe aucune définition reconnue universellement, on parle d’horaires atypiques lorsque les horaires de travail des employé·es ne correspondent pas aux horaires « standards », à savoir de 9 h à 17 h du lundi au vendredi. Les employé·es peuvent ainsi travailler dans la journée, dans l’après-midi, le soir et/ou le week-end. Les horaires peuvent également être relativement prévisibles, irréguliers, suivre une rotation, ou être planifiés « sur appel » (c.-à-d. à court terme). Pour de nombreuses familles, il est difficile de concilier de tels horaires atypiques avec les routines de la vie familiale.

Selon les données de l’Enquête sur la population active (EPA)a, parmi les travailleuses et travailleurs de 15 à 69 ans interrogés en février et en mars 2020, plus du cinquième (22,6 %) disaient avoir dû composer avec un horaire de travail irrégulier dans leur emploi actuel ou dans leur emploi précédent1. Plus de 6 sur 10 (62,3 %) avaient été confrontés à des variations à la fois de leur horaire et du nombre d’heures travaillées.

En 2015, l’année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles, plus du tiers des femmes (39,4 %) et des hommes (36,5 %) sans enfants occupant un emploi travaillaient selon un horaire irrégulierb. Ces données n’ont guère changé par rapport aux pourcentages observés en 1998 (39,6 % et 37,3 %, respectivement). En 2015, un peu plus du quart des mères et des pères travaillaient selon un horaire irrégulier (25,3 % dans les deux cas), soit légèrement moins qu’en 1998, où c’était le cas de 26,2 % des mères et de 26,1 % des pèresc.

En 2017, au moins un parent travaillait selon un horaire atypique dans 39 % des familles ayant un ou plusieurs enfants de 5 ans ou moins2. Les mères composant avec des horaires de travail atypiques présentaient un degré de précarité d’emploi plus élevé. Elles étaient plus susceptibles d’indiquer occuper un travail temporaire, saisonnier ou contractuel et/ou de travailler à temps partiel que les pères ayant des horaires atypiques.

Pourquoi s’en préoccuper?

La gestion du temps constitue un élément déterminant quant à la capacité qu’ont les personnes de s’acquitter de leurs responsabilités et obligations familiales – autrement dit, comment les familles « exercent leur vie de famille ». Pour y parvenir, il est essentiel d’harmoniser ou de concilier les horaires de travail avec le rythme et les routines de la vie familiale. Or, les per- sonnes dont les horaires de travail sortent du cadre standard du 9 h à 17 h, du lundi au vendredi, sont plus susceptibles d’éprouver des difficultés à participer à des activités régulières en dehors de leur travail.

Les horaires de travail non prévisibles sont associés à une intensification des conflits entre les responsabilités professionnelles et familiales (en particulier chez les femmes), en plus d’avoir des effets négatifs sur le bien-être familial et social2.

Les horaires de travail irréguliers et atypiques présentent des défis lorsque vient le temps de prévoir un rendez-vous pour des soins de santé, que l’on souhaite participer à une fête de fin d’année ou encore s’adonner à des loisirs avec la famille et les amis3. L’organisation des impératifs familiaux, comme la garde des enfants, peut s’avérer fort complexe, peu de services de garde offrant suffisamment de flexibilité pour s’adapter à des horaires irréguliers. Les parents sont donc souvent contraints de prévoir un éventail d’arrangements pour la garde de leurs enfants, recourant notamment à une garde familiale, à une garde non familiale (c.-à-d. par des amis ou des voisins), à des services de garde réglementés ou non, et à une garde parentale partagée, chacun des parents veillant tour à tour aux besoins des enfants, lorsque des horaires de travail différents, mais complémentaires le leur permettent2. Le manque de prévisibilité et de stabilité des horaires ajoute une couche supplémentaire de complexité et de stress qui peut avoir une incidence négative sur le bien-être de l’ensemble des membres de la famille.

Source : Statistique Canada. (2024). Enquête sociale générale sur l’Emploi du temps, 2015. Totalisation spéciale.b


Notes

a Les données de l’EPA excluent les territoires, les personnes vivant dans les réserves, les membres à temps plein des Forces armées canadiennes régulières ainsi que les personnes vivant en établissement institutionnel.

Statistique Canada. (2024). Enquête sociale générale de 2015. Totalisation spéciale.

c Statistique Canada. (2024). Enquête sociale générale de 1998. Totalisation spéciale.


Références

  1. Statistique Canada. (22 mars 2021). Aspects de la qualité de l’emploi au Canada, février et mars 2020. Le Quotidien. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/210322/dq210322a-fra.htm ↩︎
  2. Lero, D. S., Prentice, S., Friendly, M., Richardson, B., et Fraser, L. (Juin 2021). Non-standard work and child care in Canada: A challenge for parents, policy makers, and child care provision. https://childcarecanada.org/publications/other-publications/21/06/non-standard-work-and-child-care-canada-challenge-parents ↩︎
  3. Cho, H., Lambert, S. J., Ellis, E., et Henly, J. R. (9 janvier 2024). How work hour variability matters for work-to-family conflict. Work, Employment and Society. https://doi.org/10.1177/09500170231218191 ↩︎

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