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La famille compte 2024
Cette nouvelle ressource de l’Institut Vanier explore l’évolution, la continuité et la complexité des familles au Canada au cours des trois dernières décennies. Publié à l’occasion du 30e anniversaire de l’Année internationale de la famille, le rapport La famille compte 2024 brosse un portrait statistique des familles au pays, en plus de mettre en relief les tendances au fil du temps et leur incidence sur les familles et la vie de famille.
Chapitre 19 – Les personnes proches aidantes jouent un rôle de plus en plus important
Lorsque les personnes vieillissent ou développent des problèmes de santé, elles ont souvent besoin de soins, qui sont habituellement fournis par des membres de leur famille1. Qu’il s’agisse de conduire un frère ou une sœur à un rendez-vous médical, de préparer un repas pour un grand-parent, d’aller chercher une ou un proche malade à l’école ou au travail – les soins englobent un large éventail d’activités. De telles tâches ne sont pas toujours perçues comme une « prestation de soins » lorsqu’elles sont effectuées par la famille.
La prestation de soins attire de plus en plus l’attention des chercheuses et chercheurs ainsi que des responsables des politiques publiques, notamment en raison des pressions et des préoccupations liées au vieillissement de la population, qui engendre une augmentation des incapacités et des besoins liés à l’âge2. Puisque les couples d’aujourd’hui ont moins d’enfants que ceux des générations précédentes, la taille des ménages familiaux a diminué. Les membres des jeunes générations sont donc moins nombreux pour s’occuper de leurs proches en cas de besoin.
Selon l’Enquête sociale canadienne de 2022, environ une personne de 15 ans et plus sur sept (14,4 %) avait fourni des soins non rémunérés à des adultes et/ou à des jeunes de 15 ans et plus dépendant de soins au cours de l’année précédente3. Un pourcentage additionnel de 5,6 % l’avaient fait tout en s’occupant d’un enfant de 14 ans ou moins (notamment de leurs propres enfants), ce que l’on qualifie de « personnes proches aidantes prises en sandwich ». Plus d’une personne sur cinq (21,9 %) de 15 ans et plus disait s’être occupée d’un enfant de moins de 15 ans.
En 2022, les femmes (44,1 %) étaient plus susceptibles que les hommes (39,8 %) d’avoir fourni des soins3. Elles étaient également plus susceptibles que les hommes d’avoir été prises en sandwich (6,6 % et 4,5 %, respectivement). Un peu plus de femmes (14,7 %) que d’hommes (14,2 %) disaient s’être occupées d’adultes dépendants. Plus du cinquième des femmes (22,8 %) s’étaient occupées uniquement d’enfants, comparativement à 21,1 % des hommes.
Le mode de cohabitation des familles peut être influencé par la prestation de soins. Près des deux tiers (65 %) des personnes vivant au sein de ménages multigénérationnels en 2022 fournissaient des soins non rémunérés3. Dans les ménages ne comptant aucun grand-parent, seuls 42 % des adultes s’occupaient d’un proche. Les personnes vivant dans des ménages multigénérationnels étaient plus de deux fois plus susceptibles que les autres d’être prises en sandwich (14 % et 6 %, respectivement).
Les effets de la prestation de soins sur les personnes proches aidantes peuvent être très variés. S’occuper d’enfants est généralement moins difficile que de fournir des soins à des adultes. En 2022, seules 5 % des personnes s’occupant d’enfants disaient avoir de la difficulté avec ces responsabilités, contre 15 % des personnes s’occupant d’adultes et 17 % des personnes proches aidantes prises en sandwich3. De plus, parmi les personnes s’occupant uniquement d’adultes, 18 % estimaient avoir une santé mentale passable ou mauvaise. Chez les personnes s’occupant à la fois d’enfants et d’adultes, la proportion était encore plus élevée (21 %), comparativement à celle des personnes s’occupant uniquement d’enfants ou ne prodiguant pas de soins à autrui (14 %).
Selon les données de l’Enquête sociale générale de 2018, la plupart des personnes proches aidantes estimaient que leur expérience de prestation de soins avait été gratifiante. Les personnes qui avaient fourni entre une et trois heures de soins par semaine et celles qui en avaient fourni 20 ou plus qualifiaient leur expérience de gratifiante dans une proportion similaire (56 % et 61 %, respectivement)4. Il n’est toutefois pas surprenant de constater que les personnes passant de longues heures par semaine à s’occuper d’adultes aient été beaucoup plus susceptibles d’indiquer avoir moins de temps à consacrer à leur partenaire, à leurs enfants et à d’autres membres de la famille que les personnes prodiguant des soins à raison d’une à trois heures par semaine (86 % contre 53 %). Elles étaient également deux fois plus nombreuses à affirmer que leurs responsabilités d’aidantes étaient stressantes ou très stressantes (54 % contre 19 %).
Pourquoi s’en préoccuper?
Le vieillissement de la population continuera d’accroître la pression sur les services de santé et de soins à domicile au cours des prochaines décennies2. La pression sur les personnes proches aidantes, qui jouent déjà un rôle important dans la société, risque de s’intensifier, ce qui pourrait avoir des répercussions sur leur bien-être. En plus de veiller sans rémunération au bien-être de leurs proches, elles apportent une contribution précieuse en réduisant les coûts sociaux associés aux services de santé et aux placements en établissement (p. ex. les résidences de soins de longue durée)5.
S’occuper d’une personne proche est souvent perçu comme une expérience positive qui peut accroître le sentiment de compétence et donner un sens à la vie6. Les jeunes personnes proches aidantes font également état d’avantages, tels qu’une meilleure connaissance de leurs aptitudes, un sentiment de satisfaction, le développement de nouvelles compétences et une amélioration de leurs relations familiale7. La prestation de soins peut toutefois également avoir des effets négatifs sur le bien-être des personnes proches aidantes, notamment quant au coût lié au temps investi, à l’augmentation du stress et aux tensions que cela peut générer dans les relations familiales5. Les personnes qui s’occupent d’enfants tout en fournissant des soins à des adultes souffrant d’une affection de longue durée ou d’une incapacité font face à des défis particuliers et à une importante sollicitation de leur temps8.
Source : Wray, D. (2 avril 2024). « Pris en sandwich » entre la prestation de soins non rémunérés à des enfants et à des adultes dépendants de soins : une analyse comparative entre les genres. Mettre l’accent sur les Canadiens : résultats de l’Enquête sociale générale3.
Références
- Statistique Canada. (8 janvier 2020). Les aidants au Canada, 2018. Le Quotidien. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/200108/dq200108a-fra.htm ↩︎
- Wray, D., Badets, J., Keating, N., et Fast, J. (29 novembre 2023). L’économie des soins au Canada : un cadre conceptuel. Mettre l’accent sur les Canadiens : résultats de l’Enquête sociale générale. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/89-652-x/89-652-x2023002-fra.htm ↩︎
- Wray, D. (2 avril 2024). « Pris en sandwich » entre la prestation de soins non rémunérés à des enfants et à des adultes dépendants de soins : une analyse comparative entre les genres. Mettre l’accent sur les Canadiens : résultats de l’Enquête sociale générale. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/89-652-x/89-652-x2024002-fra.htm ↩︎
- Statistique Canada. (14 janvier 2022). Les soins donnés en heures, 2018. Infographies. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-627-m/11-627-m2021074-fra.htm ↩︎
- Turcotte, M. (Septembre 2013). Être aidant familial : quelles sont les conséquences? Le Quotidien. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/75-006-x/2013001/article/11858-fra.htm ↩︎
- Statistique Canada. (14 janvier 2022). Différences dans les caractéristiques des aidants et les modes de prestation de soins des Canadiens, 2018. Le Quotidien. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220114/dq220114c-fra.htm ↩︎
- D’Amen, B., Socci, M., et Santini, S. (5 février 2021). Intergenerational caring: A systematic literature review on young and young adult caregivers of older people. BMC Geriatrics, 21(1), 105. https://doi.org/10.1186/s12877-020-01976-z ↩︎
- Duxbury, L., et Dole, G. (27 mars 2015). Squeezed in the middle: Balancing paid employment, childcare and eldercare. Dans Flourishing in life, work and careers: Individual wellbeing and career experiences. https://doi.org/10.4337/9781783474103.00017
↩︎ - Wray, D. (2 avril 2024). « Pris en sandwich » entre la prestation de soins non rémunérés à des enfants et à des adultes dépendants de soins : une analyse comparative entre les genres. Mettre l’accent sur les Canadiens : résultats de l’Enquête sociale générale. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/89-652-x/89-652-x2024002-fra.htm ↩︎

La famille compte 2024 est une publication de l’Institut Vanier de la famille présentant des informations précises et actuelles sur les familles et la vie de famille au Canada. Rédigée dans un langage clair, elle est composée de chapitres sur un éventail de sujets et tendances qui ont une incidence sur la vie familiale au pays. Ses quatre sections (la structure, le travail, l’identité et le bien-être des familles) trouvent appui sur le Cadre sur la diversité et le bien-être des familles.
L’Institut Vanier de la famille
94, promenade Centrepointe
Ottawa (Ontario) K2G 6B1
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Cette publication est autorisée par Creative Commons – Attribution de licence – Pas d’utilisation commerciale 4.0 International.
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Battams, N., et Mathieu, S. (2024). Les personnes proches aidantes jouent un rôle de plus en plus important. Dans La famille compte 2024, L’Institut Vanier de la famille. https://institutvanier.ca/la-famille-compte-2024/les-personnes-proches-aidantes-jouent-un-role-de-plus-en-plus-important