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La famille compte 2024
Cette nouvelle ressource de l’Institut Vanier explore l’évolution, la continuité et la complexité des familles au Canada au cours des trois dernières décennies. Publié à l’occasion du 30e anniversaire de l’Année internationale de la famille, le rapport La famille compte 2024 brosse un portrait statistique des familles au pays, en plus de mettre en relief les tendances au fil du temps et leur incidence sur les familles et la vie de famille.
Chapitre 10 – Les taux de fécondité au Canada chutent (une fois de plus) à un creux record
Les femmes au Canada ont aujourd’hui moins d’enfants en moyenne que les générations précédentes. Cette évolution s’est traduite par une baisse de l’indice synthétique de fécondité (nombre moyen d’enfants par femme) au cours des cinquante dernières années. Après avoir atteint un niveau inégalé de 3,94 enfants par femme en 19591, au plus fort du baby-boom, l’indice synthétique de fécondité (ISF) a fortement diminué jusqu’à la fin des années 19802. Il a ensuite connu des fluctuations au cours des 20 années suivantes avant d’entamer un nouveau déclin à long terme en 2009, qui se poursuit encore aujourd’hui (exception faite d’une faible augmentation temporaire en 2021). Les données les plus récentes montrent qu’un nouveau creux record a été atteint en 2022, à 1,33 enfant par femme.
Les raisons d’un tel déclin à long terme s’avèrent complexes. L’augmentation de la participation des femmes aux études postsecondaires et au marché du travail, une contraception plus efficace et plus accessible que jamais, ainsi que la diminution de l’influence de la religion sur la vie quotidienne y ont certes contribué1. Le pourcentage de femmes de 25 à 54 ans titulaires d’un certificat ou d’un diplôme postsecondaire a plus que doublé, passant de 28,3 % en 19903 à 74,5 % en 20214. Au cours de la même période, le taux de participation des femmes de 25 à 54 ans au marché du travail est passé de 75,5 % à 84,2 %5.
L’incertitude engendrée par certains événements perturbateurs ou divers changements plus généraux sur les plans social, politique, environnemental ou sanitaire peut également influencer les décisions en matière de procréation. Les données d’une enquête réalisée entre avril et juin 2021 montrent que 23,5 % des personnes âgées de 15 à 49 ans avaient modifié leur projet d’avoir des enfants en raison de la pandémie de COVID-196. Près d’une personne sur cinq (19,2 %) disait désormais vouloir moins d’enfants ou prévoyait retarder le projet d’en avoir.
La diminution des taux de fécondité coïncide également avec la tendance liée à l’âge des mères1. L’âge moyen des femmes qui deviennent mères pour la première fois est passé de 26,2 ans en 1994 à un seuil record de 29,4 ans en 20197. Si l’âge à la naissance du premier enfant a diminué dans tous les groupes d’âge de moins de 30 ans, il a par ailleurs augmenté dans les groupes d’âge de 30 ans et plus1. Parallèlement, le taux de fécondité des jeunes femmes de 15 à 19 ans est passé de 25,1 pour 1 000 naissances vivantes en 1994 à 4,4 pour 1 000 naissances vivantes en 20222.
Les taux de fécondité varient d’un bout à l’autre du pays. Depuis sa création en 1999, le Nunavut présente l’indice synthétique de fécondité le plus élevé du Canada (2,23 enfants par femme en 2022), suivi de la Saskatchewan (1,69), des Territoires du Nord-Ouest et du Québec (1,49 chacun)2. C’est en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse que l’on retrouve les taux de fécondité les plus bas (1,11 et 1,18 respectivement en 2022).
Pourquoi s’en préoccuper?
Les décideurs et les chercheurs suivent de près les taux de fécondité, car des changements majeurs peuvent avoir des répercussions sur les familles, le marché du travail et l’économie. Pour les familles, la diminution du nombre d’enfants signifie que les jeunes générations seront de moins en moins nombreuses pour fournir des soins et du soutien au fil du temps. Cela favorisera également une concentration des richesses émanant de legs intergénérationnels (comme les héritages, l’aide à la famille pour des dépenses importantes au cours de la vie, etc.) entre les mains d’un nombre plus restreint d’héritiers.
La diminution du nombre de naissances se traduira par une éventuelle baisse du nombre de travailleurs entrant sur le marché du travail. Le Canada risque ainsi de dépendre de plus en plus de l’immigration pour maintenir un certain équilibre entre travailleurs jeunes et moins jeunes sur le marché du travail. Un suivi des taux de fécondité peut ainsi être utile à l’élaboration de politiques et de programmes à long terme, notamment en ce qui a trait aux objectifs en matière d’immigration, aux allocations familiales, aux services de garde d’enfants subventionnés, aux régimes de retraite et aux prestations de compassion.
Références
- Statistique Canada. (17 mai 2018). Fécondité : moins d’enfants, mères plus âgées. Mégatendances canadiennes. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-630-x/11-630-x2014002-fra.htm ↩︎
- Statistique Canada. (27 septembre 2023). Tableau 13-10-0418-01 Taux brut de natalité, taux de fécondité par groupe d’âge et indice synthétique de fécondité (naissances vivantes). https://doi.org/10.25318/1310041801-fra ↩︎
- Statistique Canada. (2018). Tableau 1 Répartition des femmes et des hommes, selon le groupe d’âge et le plus haut niveau de scolarité atteint, Canada, 1990 et 2009. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/89-503-x/2010001/article/11542/tbl/tbl001-fra.htm ↩︎
- Statistique Canada. (9 décembre 2022). Tableau 98-10-0384-01 Plus haut niveau de scolarité, selon l’année de recensement : Canada, provinces et territoires, régions métropolitaines de recensement et agglomérations de recensement. https://doi.org/10.25318/9810038401-fra ↩︎
- Statistique Canada. (5 janvier 2024). Tableau 14-10-0327-01 Caractéristiques de la population active selon le sexe et le groupe d’âge détaillé, données annuelles. https://doi.org/10.25318/1410032701-fra ↩︎
- Fostik, A., et Galbraith, N. (1er décembre 2021). Changements dans les intentions d’avoir des enfants en réponse à la pandémie de COVID-19. StatCan et la COVID-19 : Des données aux connaissances, pour bâtir un Canada meilleur. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/45-28-0001/2021001/article/00041-fra.htm ↩︎
- Statistique Canada. (29 septembre 2020). Naissances, 2019. Le Quotidien. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/200929/dq200929e-fra.htm ↩︎
La famille compte 2024 est une publication de l’Institut Vanier de la famille présentant des informations précises et actuelles sur les familles et la vie de famille au Canada. Rédigée dans un langage clair, elle est composée de chapitres sur un éventail de sujets et tendances qui ont une incidence sur la vie familiale au pays. Ses quatre sections (la structure, le travail, l’identité et le bien-être des familles) trouvent appui sur le Cadre sur la diversité et le bien-être des familles.
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Comment citer ce document :
Battams, N., et Mathieu, S. (2024). Les taux de fécondité au Canada chutent (une fois de plus) à un creux record. Dans La famille compte 2024, L’Institut Vanier de la famille. https://institutvanier.ca/la-famille-compte-2024/les-taux-de-fecondite-au-Canada-chutent-une-fois-de-plus-a-un-creux-record