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Maintenant disponible : L’identité des familles, la troisième section de La famille compte 

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Maintenant disponible : L’identité des familles

Projets

La famille compte

Cette nouvelle ressource de l’Institut Vanier explore l’évolution, la continuité et la complexité des familles au Canada au cours des trois dernières décennies. Publié à l’occasion du 30e anniversaire de l’Année internationale de la famille, le rapport La famille compte brosse un portrait statistique des familles au pays, en plus de mettre en relief les tendances au fil du temps et leur incidence sur les familles et la vie de famille.

Chapitre 33 – Les langues parlées au sein des familles sont de plus en plus diversifiées

La langue dépasse largement la simple manière de s’exprimer : elle joue un rôle important dans la création, la transmission et l’évolution des cultures à travers les générations1. Les études ont montré que la langue joue un rôle central dans la construction des identités familiales et culturelles, en favorisant un sentiment d’appartenance, tout en soutenant la santé et le bien-être global2, 3. À l’instar des familles qui ont connu une diversification croissante, le « portrait linguistique » du Canada s’est lui aussi diversifié.

Le Recensement de 2021 a révélé l’usage de 474 langues différentes à travers le pays4. L’examen des langues les plus souvent parlées à la maison permet de mieux comprendre les dynamiques familiales. Les langues qui y sont principalement utilisées sont aussi celles qui ont le plus de chances d’être transmises aux enfants par les générations précédentes. Or, le fait de transmettre les compétences linguistiques d’une génération à l’autre contribue à préserver la richesse culturelle et à soutenir la pérennité des différentes communautés.

En 2021, plus d’un ménage sur cinq (21,0 %) était multilingue4. Autrement dit, plusieurs langues étaient parlées à la maison, de façon régulière ou prédominante, sans pour autant être parlées par l’ensemble des membres.

En 2021, 63,8 % de la population totale parlaient principalement l’anglais à la maison5, comparativement à 67,5 % en 19916. Près d’une personne sur cinq (19,2 %) au Canada parlait uniquement le français à la maisona en 20215, contre 23,0 % en 19916. En 2021, le Québec (77,5 %)5 et le Nouveau-Brunswick (26,4 %)7 affichaient des pourcentages nettement plus élevés de personnes parlant majoritairement le français à la maison, comparativement aux autres provinces et territoires.

Environ une personne sur huit (12,7 %) disait parler principalement une langue autre que le français ou l’anglais à la maison en 20215, comparativement à 7,7 % en 19916. En 2021, les pourcentages variaient de 1,4 % à Terre-Neuve-et-Labrador à 42,2 % au Nunavut. Après l’anglais et le français, le mandarin et le pendjabi figuraient en tête des langues les plus parlées à domicile, chacune par approximativement 1,4 % de la population, soit plus de 500 000 personnes8. Parmi les personnes qui parlaient principalement une langue autre que le français ou l’anglais à la maison, plus de 9 sur 10 (92,4 %) vivaient dans un grand centre urbain, comparativement à 73,8 % de la population totale au Canada5. La hausse du nombre et du pourcentage de personnes parlant une langue autre que le français ou l’anglais au cours des dernières décennies est étroitement liée à l’augmentation de l’immigration.

Les langues autochtones parlées au Canada présentent une grande diversité et le Recensement de 2021 en a comptabilisé plus de 70 : l’inuktitut, les langues cries et l’innu (montagnais) figuraient parmi celles le plus souvent parlées à la maison (la langue autochtone prédominante variant toutefois selon la région)5. Le Nunavut (46,6 %) affichait la deuxième plus faible proportion de personnes parlant principalement anglais à la maison, suivi du Québec (10,4 %). Cela s’explique par la forte présence des langues de l’inuktut (inuites), qui bénéficient d’un statut officiel au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest. Au Nunavut, 41,4 % de la population parlait principalement ces langues à la maison8.

Pourquoi s’en préoccuper?

La diversité linguistique croissante du Canada témoigne des transformations démographiques survenues au fil des dernières décennies, liées à une intensification de l’immigration4, 5. Alors que l’on peut s’attendre à ce que la diversité des familles continue de croître, il est de plus en plus important de saisir les particularités de leurs profils linguistiques. Cette question est fort cruciale, car la langue est de plus en plus perçue comme centrale à la vitalité des multiples cultures qui composent la mosaïque familiale du Canada.

Pour les familles et les communautés autochtones, les langues autochtones constituent « un pilier de reconstruction identitaire, de même qu’un levier essentiel à la revitalisation culturelle face au génocide [traduction] » qu’elles ont connu9. Voilà pourquoi la Commission de vérité et réconciliation du Canada a consacré une part importante de ses 94 appels à l’action à la protection et à la revitalisation des langues autochtones10, 11.

Il est essentiel de comprendre les pratiques linguistiques au sein des familles pour favoriser leur bien-être, car la maîtrise ou non d’une langue peut avoir une incidence sur l’accès aux services publics. À titre d’exemple, des études ont montré que les personnes âgées issues de la diversité ethnique et linguistique avaient tendance à attendre plus longtemps pour accéder à l’établissement de soins de longue durée de leur choix, notamment en raison de difficultés à communiquer avec le personnel soignant12.

Sources : Statistique Canada. (17 août 2022). Alors que le français et l’anglais demeurent les principales langues parlées au Canada, la diversité linguistique continue de s’accroître au pays. Le Quotidien5.

Statistique Canada. (12 juillet 2023). Tableau 15-10-0033-01 – Population selon la langue parlée le plus souvent à la maison et la géographie, 1971 à 20216.


a Il s’agit de la langue la plus souvent parlée à la maison, aucune autre n’étant utilisée aussi fréquemment.


Références

  1. Chowdhury, M. H., et Hossain, S. (5 décembre 2022). A study of the compelling role of language in influencing culture and community. EDULEC: Education, Language, and Culture Journal, 2(3), 219-232. https://doi.org/10.56314/edulec.v2i3.78 ↩︎
  2. Lanza, E. (6 octobre 2021). The family as a space: Multilingual repertoires, language practices and lived experiences. Journal of Multilingual and Multicultural Development, 42(8), 763-771. https://doi.org/10.1080/01434632.2021.1979015 ↩︎
  3. Arriagada, P., et Racine, A. (14 août 2024). Les enfants des Premières Nations vivant hors réserve, les enfants métis et les enfants inuits et leurs familles : divers résultats de l’Enquête auprès des peuples autochtones de 2022. Enquête auprès des peuples autochtones. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/89-653-x/89-653-x2024001-fra.htm ↩︎
  4. Statistique Canada. (21 juin 2023). Le plurilinguisme au sein des ménages canadiens. Produits analytiques, Recensement de 2021. https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2021/as-sa/98-200-X/2021014/98-200-x2021014-fra.cfm ↩︎
  5. Statistique Canada. (17 août 2022). Alors que le français et l’anglais demeurent les principales langues parlées au Canada, la diversité linguistique continue de s’accroître au pays. Le Quotidien. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220817/dq220817a-fra.htm ↩︎
  6. Statistique Canada. (12 juillet 2023). Tableau 15-10-0033-01 – Population selon la langue parlée le plus souvent à la maison et la géographie, 1971 à 2021. https://doi.org/10.25318/1510003301-fra ↩︎
  7. Auclair, N., Frigon, C., et St-Amant, G. (22 août 2023). Faits saillants sur la langue française au Nouveau-Brunswick en 2021. Série thématique sur l’ethnicité, la langue et l’immigration. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/89-657-x/89-657-x2023015-fra.htm ↩︎
  8. Statistique Canada. (17 août 2022). Tableau 98-10-0182-01 – Langue maternelle selon la langue parlée le plus souvent à la maison et les autres langues parlées régulièrement à la maison : Canada, provinces et territoires, régions métropolitaines de recensement et agglomérations de recensement y compris les parties. https://doi.org/10.25318/9810018201-fra ↩︎
  9. Jewell, E. M. (31 janvier 2016). Effects on the perceptions of language importance in Canada’s urban Indigenous Peoples. Aboriginal Policy Studies, 5(2), 99-113. https://doi.org/10.5663/aps.v5i2.25411 ↩︎
  10. Commission de vérité et réconciliation du Canada. (2015). Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir : sommaire du rapport final de la commission de vérité et réconciliation du Canada. https://publications.gc.ca/collections/collection_2016/trc/IR4-7-2015-fra.pdf ↩︎
  11. Loi sur les langues autochtones. (31 août 2021). https://www.canada.ca/en/canadian-heritage/corporate/transparency/open-government/standing-committee/dm-transition-material-2021/indigenous-languages-act.html ↩︎
  12. Um, S. (2016). The cost of waiting for care: Delivering equitable long-term care for Toronto’s diverse population. Wellesley Institute. https://www.wellesleyinstitute.com/wp-content/uploads/2016/05/The-Cost-of-Waiting-For-Care.pdf ↩︎