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La famille compte
Cette nouvelle ressource de l’Institut Vanier explore l’évolution, la continuité et la complexité des familles au Canada au cours des trois dernières décennies. Publié à l’occasion du 30e anniversaire de l’Année internationale de la famille, le rapport La famille compte brosse un portrait statistique des familles au pays, en plus de mettre en relief les tendances au fil du temps et leur incidence sur les familles et la vie de famille.
Chapitre 43 – Les familles militaires déménagent en moyenne trois fois plus souvent que les familles civiles
En 2021, le Canada comptait près de 98 000 personnes de 17 ans et plus en service au sein des Forces armées canadiennes, ainsi que plus de 461 200 ex-militaires (vétéranes et vétérans)1. La majorité des militaires (80,5 %) et des ex-miliaires (83,8 %) étaient des hommes. Parmi les militaires en service, plus des trois quarts (76,4 %) avaient entre 25 et 54 ans, tout comme près du tiers (32,0 %) des vétéranes et vétérans. Plus de 41,8 % des vétéranes et vétérans étaient âgés de 65 ans ou plusa.
Le Recensement de 2021 a dénombré environ 54 000 familles militaires activesb et 292 000 familles vétéranesc, ce qui représente 3,4 % de l’ensemble des familles au Canada2. Près des trois quarts des familles militaires actives (74,1 %) étaient composées d’un couple dont l’un des membres était en service. Les couples dont les deux partenaires étaient en service représentaient 11,8 % des familles militaires actives. Une proportion comparable de familles militaires actives (6,6 %) et de familles vétéranes (6,5 %) étaient monoparentales en 2021.
La majorité des familles vétéranes (87,6 %) étaient formées de couples dont une seule personne avait servi dans les Forces armées, alors que 6,0 % comptaient deux ex-militaires2. Les couples militaires actifs (30,0 %) étaient plus susceptibles d’avoir des enfants de cinq ans ou moins, comparativement aux couples vétérans (75 %) et aux couples civils (15,9 %). La majorité des parents en service (54,4 %) ou vétérans (64,2 %) à la tête de familles monoparentales étaient des pères, contre seulement 22,1 % dans les familles civiles.
Les familles militaires déménagent environ trois fois plus souvent que leurs homologues civiles, en raison des relocalisations liées aux affectations militaires3. En 2021, près de la moitié (48 %) des couples formés de militaires en service vivaient dans un lieu différent de celui occupé cinq ans plus tôt2. Cette proportion était plus faible chez les couples vétérans (18,1 %) et les couples civils (17,1 %). Parmi les parents de familles monoparentales, 36,4 % des militaires en service, 18,8 % des vétéranes et vétérans et 15,9 % des personnes sans expérience militaire avaient changé de lieu de résidence au cours des cinq années précédentes.
Pourquoi s’en préoccuper?
La vie militaire confère des expériences et des forces particulières aux membres des Forces armées, ainsi qu’aux vétéranes et vétérans, qui contribuent à forger leur résilience et leur aptitude à tisser des liens sociaux solides4. Il en découle une identité et une culture militaires collectives, nourries par le sens du devoir et la fierté, et souvent marquées par des liens étroits et durables entre les familles de militaires. Ces dernières sont toutefois souvent confrontées à des défis qui peuvent avoir des répercussions sur leur bien-être.
Les familles militaires ont généralement peu de contrôle sur les paramètres entourant leur relocalisation, notamment sur le moment, le lieu ou la durée de leur réinstallation3. Elles doivent donc fréquemment rebâtir des liens dans de nouvelles communautés et « se remettre en file » pour accéder aux ressources locales. Ce défi s’accentue lorsqu’il s’agit de s’établir dans une nouvelle province ou un nouveau territoire, où certains services essentiels, comme les soins de santé, les services de garde et l’éducation, relèvent des compétences provinciales et territoriales. Les déplacements répétés ont aussi une incidence sur les partenaires, qui peinent fréquemment à bâtir ou à faire évoluer leur carrière.
Les familles militaires vivent souvent des périodes de séparation en raison des opérations de déploiement. Les risques inhérents à de telles missions – maladie, blessure, mort – ont tendance à accroître le stress et l’inquiétude des membres de la famille5. Cette absence prive en outre la famille d’une personne pour veiller aux responsabilités familiales et domestiques3. Les études ont montré que les déploiements ont une incidence négative sur la santé mentale des partenaires non militaires et favorisent l’émergence de comportements problématiques chez les jeunes5, 6, 7.
La transition vers la vie civile au terme d’une carrière militaire présente parfois des difficultés qui peuvent affecter le bien-être, en particulier lorsqu’il s’agit de se réorienter vers un nouvel emploi8, 9. Les vétéranes et vétérans interrogés en 2022 étaient moins susceptibles (42,3 %) que leurs homologues civils de même âge et genre (47,2 %) d’affirmer avoir occupé un emploi au cours de la semaine précédant l’enquête8. Elles et ils étaient par ailleurs plus susceptibles d’indiquer vivre avec une incapacité, une situation risquant de compromettre leur participation au marché du travail et leur bien-être10. Parmi les personnes de 17 à 44 ans, soit la principale tranche d’âge active, les vétéranes et vétérans étaient proportionnellement plus nombreux (32 %) que la population civile (20 %) à présenter une incapacité en 2022.
Source : Adapté de la figure 1, Nombre de familles militaires dans : Bastien, N., et Tuey, C. (13 janvier 2025). Un portrait des familles de militaires au Canada à partir du Recensement de 2021. Regards sur la société canadienne2.
a Il n’y a aucune personne de 65 ans ou plus en service actif dans les Forces armées canadiennes, la retraite y étant imposée à 55 ou à 60 ans, selon le grade.
b Les « familles militaires actives » désignent les familles composées d’un couple dont au moins l’un des membres est actuellement en service, ainsi que les familles monoparentales dirigées par une personne actuellement en service. Ces familles deviennent des familles vétéranes au terme de leur service.
c Les « familles vétéranes » comprennent les familles monoparentales dirigées par une vétérane ou un vétéran, les couples comptant une vétérane ou un vétéran, ainsi que les couples formés de deux ex-militaires (vétéranes ou vétérans).
Références
- Statistique Canada. (13 juillet 2022). Protéger nos foyers et nos droits : servir dans les Forces armées canadiennes. Le Quotidien. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220713/dq220713c-fra.htm ↩︎
- Bastien, N., et Tuey, C. (13 janvier 2025). Un portrait des familles de militaires au Canada à partir du Recensement de 2021. Regards sur la société canadienne. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/75-006-x/2025001/article/00001-fra.htm ↩︎
- Daigle, P. (Novembre 2013). Sur le front intérieur : Évaluation du bien-être des familles des militaires canadiens en ce nouveau millénaire. Rapport spécial au ministre de la Défense nationale. https://www.canada.ca/content/dam/oodndcf-odnfc/documents/reports-pdf/mf-fm-fr.pdf ↩︎
- Manser, L. (17 août 2020). The state of military families in Canada: A scoping review. Journal of Military, Veteran and Family Health, 6(2), 120-128. https://doi.org/10.3138/jmvfh-2019-0001 ↩︎
- Rowan-Legg, A. (3 mai 2017). Caring for children and youth from Canadian military families: Special considerations. Paediatrics & Child Health, 22(2), e1-e6. https://doi.org/10.1093/pch/pxx021 ↩︎
- Williams, A., Richmond, R., Khalid-Khan, S., Reddy, P., Groll, D., Rühland, L., et Cramm, H. (Mai 2023). Mental health of Canadian children growing up in military families: The parent perspective. Acta Psychologica, 235, 103887. https://doi.org/10.1016/j.actpsy.2023.103887 ↩︎
- Mahar, A. L., Cramm, H., King, M., King, N., Craig, W. M., Elgar, F. J., et Pickett, W. (Juin 2023). Recherche quantitative originale – Étude transversale sur la santé mentale et le bien-être de jeunes de familles liées au milieu militaire. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada, 43(6), 322-331. https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.6.03f ↩︎
- Sweet, J., Babe, M., et Pound, T. (27 juin 2025). Enquête de 2022 sur la santé des anciens combattants canadiens [Rapport technique de la Direction de la recherche]. Anciens Combattants Canada. https://publications.gc.ca/collections/collection_2025/acc-vac/V3-1-11-2022-fra.pdf ↩︎
- Tam-Seto, L., Williams, A., Hill, S., Ritchie, K., et Cramm, H. (12 février 2025). Canadian military members’ experiences of using programs and services to support upcoming release: A qualitative study. Journal of Military, Veteran and Family Health, 11(1), 101-111. https://doi.org/10.3138/jmvfh-2023-0082 ↩︎
- Statistique Canada. (6 novembre 2024). Vétérans et vétéranes ayant une incapacité : principaux résultats de l’Enquête canadienne sur l’incapacité de 2022. Le Quotidien. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/241106/dq241106d-fra.htm ↩︎

La famille compte 2024 est une publication de l’Institut Vanier de la famille présentant des informations précises et actuelles sur les familles et la vie de famille au Canada. Rédigée dans un langage clair, elle est composée de chapitres sur un éventail de sujets et tendances qui ont une incidence sur la vie familiale au pays. Ses quatre sections (la structure, le travail, l’identité et le bien-être des familles) trouvent appui sur le Cadre sur la diversité et le bien-être des familles.
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Comment citer ce document :
Battams, N. (2025). Les familles militaires déménagent en moyenne trois fois plus souvent que les familles civiles. Dans La famille compte 2024, L’Institut Vanier de la famille. https://institutvanier.ca/la-famille-compte-2024/les-familles-militaires-demenagent-en-moyenne-trois-fois-plus-souvent-que-les-familles-civiles